« L’ANIMAL IMAGINAIRE » « Cet être fou de langage »

L’Animal Imaginaire de Valère Novarina à La Colline © Pascal Victor

Valère Novarina ne se lasse pas de son thème de prédilection, le langage. Sa dernière création L’Animal Imaginaire n’est pas autre chose qu’un jeu avec cette « hormone » qu’est le langage écrit-il dans ce texte. Pas de véritable histoire, ni d’intrigue. Juste le plaisir d’écouter les dialogues et les considérations sur les questions du temps, de l’espace, de l’écriture, de la parole et… de la langue. L’auteur et metteur en scène est allé jusqu’à reprendre des passages de ses anciens spectacles qu’il a remaniés. Le texte est riche, parfois trop, nécessitant une concentration constante qui finit par lasser un peu sur la fin du spectacle

Les personnages appartiennent à une communauté imaginaire, aux évocations géographiques qui ont une consonance avec le réel mais sans y être vraiment. Tous ont leurs traditions, leur religion, leurs habitudes alimentaires, totalement loufoques et évidemment leur propre vocabulaire et expressions.

Comme toujours dans les créations de Novarina, le décor est assez limité : de grands panneaux des peintures de l’auteur et quelques accessoires. Les personnages arrivent et repartent de nulle part.

Ce texte, remplit donc de jeux de mots, de phrases volontairement à contre sens, est difficile à déclamer comme si tout coulait de source. C’est une performance pour les comédiens qui s’y sentent très à l’aise et sont remplis d’une énergie joyeuse alors que le propos n’est jamais très optimiste. La mort et le vide sont omniprésents, les enfants et leurs géniteurs ne se lancent pas que des fleurs. Seuls les derniers dialogues sont étonnamment mais résolument optimistes : le langage nous prouve que nous sommes des êtres humains, à la différence de ce drôle de chien en figurine qui fait son apparition sur le plateau.

Comme dans de précédents spectacles, Valère Novarina convoque l’esprit d’Haïti. Les deux comédiens haïtiens, Edouard Baptiste et Bedford Valès, apportent beaucoup de force dans l’interprétation de ces communautés qui se succèdent.

L'ANIMAL IMAGINAIRE (Valere NOVARINA) 2019
L'ANIMAL IMAGINAIRE (Valere NOVARINA) 2019
L'ANIMAL IMAGINAIRE (Valere NOVARINA) 2019
L'ANIMAL IMAGINAIRE (Valere NOVARINA) 2019

L’Animal Imaginaire de Valère Novarina à La Colline © Pascal Victor

Des amateurs au cœur du spectacle

L’auteur est également fidèle au compositeur et accordéoniste Christian Paccoud, présent tout au long du spectacle, accompagné d’un chœur. Une trentaine d’amateurs interviennent lors des représentations du week-end pour interpréter un chant choral sur des textes du metteur en scène.
Abonnés au théâtre de la Colline ou fréquentant la Maison des pratiques artistiques amateurs (MPAA), ils ont été sollicités pour participer à l’aventure, sans prérequis nécessaire. Eve-Marie et Marianne sont deux amies font partie du chœur et sont présentes en alternance sur les représentations du week-end. « Nous avons répété avec Christian Paccoud sur des textes de Valère Novarina, une dizaine, mis en musique par lui, tous les lundis des mois de mai, juin et septembre, puis nous avons participé au filage et à la répétition générale » explique Eve-Marie. « C’est une chance de pouvoir chanter sur les textes de Novarina qui sont hors du commun, sur la musique également d’un compositeur comme Christian Paccoud ; et bien sûr de monter sur la scène de la Colline » poursuit-elle.
Ce que Marianne et Eve-Marie garderont de ce spectacle ? : « L’énergie jubilatoire des acteurs ».

Pour prolonger l’expérience, Christian Paccoud et le Sister System proposent de retrouver les 30 amateurs à l’Ogresse (le bar du théâtre de la Colline) pour « Le Grand Tout » à 19 heures, à l’issue de chacune des représentations du dimanche en matinée. Ils interprèteront la dizaine de chansons qu’ils ont travaillées dans le cadre de la préparation du spectacle.

AFFICHE OGRESSE

Le Grand Tout à l’Ogresse avec la participation Voix de La Colline

Informations pratiques

Auteur(s)
Valère Novarina

Mise en scène et peintures
Valère Novarina

Avec
Edouard Baptiste, Julie Kpéré, Manuel Le Lièvre, Dominique Parent, Agnès Sourdillon, Nicolas Struve, René Turquois, Bedfod Valès, Valérie Vinci et Christian Paccoud – accordéon – Mathias Lévy – violon

Collaboration artistique Céline Schaeffer
Musique Christian Paccoud
Scénographie Jean-Baptiste Née
Lumières Joël Hourbeigt
Costumes Charlotte Villermet
Dramaturgie Roséliane Goldstein et Adélaïde Pralon
Collaboration musicale Armelle Dumouli
Assistantes de l’auteur Sidonie Han
Réalisation costumes Sylvie Barras, Camille Brangeon, Jocelyne Jalicon
Réalisation marionnette Charlotte Villermet et Jean-Paul Dewynter
Répétitrice Pauline Clermidy
Régie générale Richard Pierre
Régie lumière Paul Beaureilles
régie plateau Elie Hourbeigt

Dates
Du 20 septembre au 13 octobre, à 20H30, puis en tournée (TNP de Villeurbanne, Marseille…)

Durée
2H55

Adresse
Théâtre National de La Colline
15, rue Malte Brun
75020 Paris

Informations complémentaires

Théâtre National de La Colline
www.colline.fr

MPAA à Paris
www.mpaa.fr