« Le jour du grand jour », Théâtre Dromesko, au Centquatre, Paris

Article de Pierre-Alexandre Culo

Sous le voile, le sublime

Dans la baraque en bois du Théâtre Dromesko, refuge poétique implanté jusqu’au 20 février sous la nef du Centquatre, retentissent les fracas d’une tempête d’émotions. Franchissez le seuil de ce lieu hors du temps pour vous perdre dans ce dédale de noces joyeuses et funèbres, entraîné dans les rêveries de cet « impromptu nuptiale et turlututu funèbre ».

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© Fanny Gonin

« Le jour du grand jour » tisse une traîne de cérémonies, patchwork surréaliste de mariages, enterrements, baptêmes et autres inaugurations politiques, qui s’assemblent et se brouillent dans un surréalisme délicat et envoûtant. La mélancolie du temps qui passe s’entremêle avec la chaleur d’un humour à la fois délicat et explosif. Rien n’est abordé avec sentimentalisme et médiocrité mais avec un regard simple et humble, une ouverture vers un chemin onirique qui tend au sublime. Et puis, finalement, rien n’est raconté, annoncé. Ce sont les fantômes, bien vivants, de la vie, qui virevoltent avec grâce devant nos yeux. Ce grand jour est au pluriel comme un kaléidoscopes de scènes visuelles, musicales, vrombissements de repas familiaux, effeuillement désespéré de mariées, valse morte d’amants enlacés.

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© Fanny Gonin

Ces lambeaux de festivités ébranlent dans ses non-dits, dans les interstices où s’engouffrent nos visions et fantasmes de réalités. Ou alors serait-ce les échos de ces airs d’accordéon et de violoncelle, qui prennent le temps d’exister, de faire entendre la musique pour ce qu’elle a à offrir. La chaleur et le réconfort tout comme ses violentes secousses. Assis sur nos chaises en bois, accolés les uns aux autres, le collectif et le partage refait surface. Lors d’un salut le verre à la main, c’est tout le théâtre Dromesko qui nous invite à partager, autour de cette longue table funèbre, vin et gourmandises.

« Le jour du grand jour » est un moment d’exception qui nous renvoie directement aux esthétiques kantoriennes, où les pantins regagnent par la danse une vitalité fascinante, et où la chair des interprètes se déshumanise à leurs contacts. Valse mortelle et charnelle qui fait chavirer tous les masques, qui nous défigure avec douceur par les assauts de nos émois.

 

 

Le jour du grand jour
Conception, mise en scène et scénographie Igor & Lily
Textes Guillaume Durieux
Jeu / danse / musique Florent Hamon, Lily, Guillaume Durieux, Zina Gonin, igor, Violeta, Revaz Matchabeli, Manuel perraudin, Valérie perraudin
Son Philippe Tivillier
Lumières Fanny Gonin
Construction décor Philippe Cottais
Costumes Cissou Winling

Du 9 au 20 février 2016

Au Centquatre
5 rue Curial
75019 Paris
www.104.fr