« LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE », Témoignage d’une femme de chambre consentante

Le journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau, mise en scène Nicolas Briançon © Fabienne Rappeneau

Se prélassant dans sa baignoire avant d’adresser la parole aux spectateurs, Lisa Martino, seule en scène, nous capte d’emblée, avec son regard de braise pour endosser le rôle de Célestine, jeune Parisienne embauchée comme domestique chez des notables normands. Ce rôle a été tenu par Geneviève Fontanel au théâtre et le spectateur ne peut pas s’empêcher d’avoir des réminiscences filmiques avec Jeanne Moreau en 1964 et plus récemment, avec Léa Seydoux en 2015, dans le rôle de Célestine.

La grande différence avec les films où nous nous rappelons du duo formé par Jeanne Moreau et Michel Piccoli (le maître) pour le film de Buñuel et le duo Léa Seydoux et Vincent Lindon (Joseph, un domestique) pour le film de Benoît Jacquot, c’est que la comédienne est seule en scène, dans une confession/témoignage qui met la focale sur le personnage de Célestine livrant les mœurs étranges de ses maîtres. Dans son franc-parler, elle dit ce qu’elle en pense. Car, elle possède la gouaille d’une coquine qui aime bien les choses de l’amour sans avoir la morale hypocrite de ses maîtres.

Au niveau de la mise en scène, Nicolas Briançon soigne les entrées et sorties de Célestine qui peut apparaître derrière une porte latérale, surprenant le spectateur, dans un petit théâtre pourtant ! D’ailleurs, ce petit écrin qu’est le théâtre de la Huchette, s’allie bien aux confessions de Célestine dans l’intimité de sa chambre constituant le décor. Le faible éclairage et le clair-obscur sont en parfaite adéquation avec la mise en clarté des coins obscurs des notables par la femme de chambre.

Le jeu de Lisa Martino est facétieux dans le visage, voluptueux dans le corps. De sa sortie lascive de la baignoire, le spectateur assiste à son rhabillage lent et méticuleux en arrière-fond de ce qu’elle livre verbalement au spectateur. Cette double partition corporelle et verbale tient le spectateur suspendu aux lèvres et aux déplacements fréquents mais fluides de la comédienne/danseuse. Tout le mobilier mis à disposition, lit, bureau, chaise, est investi par la comédienne aux postures habiles, verre à la main. Les couleurs de boisson passent du rouge au vert de l’absinthe qui date la pièce comme les jupons qui sollicitent un french cancan digne de ce nom.

D’abord, d’Ève, avec la nécessité de se rhabiller, le costume de Lisa Martino nous décompose toutes les strates vestimentaires de l’époque où le trousse-chemise avait fort à faire pour accéder au corps de la belle. Des éléments vestimentaires décrits par Célestine, comme les bottines, valent presque tout l’érotisme de la pièce, décidément à voir et à entendre.

004-format-web-©-Droits-reserves-Fabienne-RAPPENEAU
029-format-web-©-Droits-reserves-Fabienne-RAPPENEAU

Le journal d’une femme de chambre d’Octave Mirbeau, mise en scène Nicolas Briançon © Fabienne Rappeneau

Informations pratiques

LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE

Auteur
Octave Mirbeau

Mise en scène
Nicolas Briançon

Interprétation
Lisa Martino

Régie Yves Thuillier

Dates
Du 29 septembre au 23 décembre 2022 au Théâtre de la Huchette, Paris
Du mardi au samedi à 21h

Durée
1h10

Adresse
Théâtre de la Huchette
23, rue de la Huchette
75005 Paris

Informations complémentaires

Théâtre de la Huchette
www.theatre-huchette.com