« LE PÉRIMÈTRE DE DENVER » de Vimala Pons, où comment porter le poids de l’instabilité ?

Le Périmètre de Denver, mise en scène Vimala Pons © Makuto Chill Okubo

Êtes-vous à présent dans le Périmètre de Denver ? Cette zone de l’esprit dans laquelle tout·e menteur·euse pénètre, cette boucle mentale qui se répète et où iel jouit de faire semblant. D’ailleurs le Périmètre de Denver est-il lui-même dans le Périmètre de Denver de Vimala Pons ? Seul Google atteste de la véracité de ce concept dit emprunté à la psychologie et à la physique quantique. Vérification établie, même ChatGPT en ignore l’existence. À nous poser toutes ces questions, ne sommes-nous pas resté·es coincé·es dans l’abîme jouissif d’illusions et de questionnements de ce spectacle drôlissimement absurde. La circassienne, comédienne et autrice nous offre cette incroyable enquête policière, qui sans queue ni tête se situe dans une thalassothérapie anglaise et au cours de laquelle l’intérêt des spectateur·trices est finalement davantage porté sur la réalité effective d’une table que sur la résolution du crime.

À coups de roches dynamitées, de voiture qui se soulève, d’hydrothérapeute canin, d’escaliers mobiles, de poison solide, de costumes sans fin, de néons aveuglants, de musique pop et éclatée, d’une multitude de langues, de voies et d’accents dont on ignore la provenance, Vimala Pons nous rappelle avec virtuosité, l’absurdité du fiable. Dans une scénographie outrageusement Pop et divertissante, les sept suspect·es du crime de Stéphane Doris se succèdent – tous·tes incarné·es par la comédienne – pour parler, avec poésie et humour, des innombrables petits mensonges indolores que nous inventons quotidiennement : les « j’arriverai dans 5 minutes ! » quand on sait pertinemment qu’il s’agira plutôt de 15, ou ces pourcentages qu’on utilise si facilement et dont on a bizarrement oublié la source.

« Je ne me rendais pas compte que je mentais. Je ne me rendais pas compte que je devenais quelqu’un d’autre pour lui plaire. C’est à ce moment que je suis rentrée dans le Périmètre de Denver », nous confie Angela Merkel en plein milieu d’un rêve avec sa conseillère d’orientation.

Sur scène, Vimala Pons va littéralement porter le poids instable de tous ces mensonges. À quel coût ?

Comment réagir à la déstabilisation ? Est-ce que la sincérité a quelque chose à voir avec la véracité ? Peut-on affûter notre regard ? Notre parole ? Comment redevenir conscient des parties de nous passées subrepticement dans ce fameux périmètre ? Ce sont finalement avec ces questions ouvertes et passionnantes que nous ressortons de ce spectacle où forme et fond se mêlent avec une pertinence et une qualité incontestables.

N’hésitez pas à aller écouter la fiction sonore d’un des personnages, Eusapia Klane, sortie sur les labels : WARRIORECORDS et Kythibong.

Périmètre de Denver c Makuto Chill Okubo 2
Périmètre de Denver c Makuto Chill Okubo 1

Le Périmètre de Denver, mise en scène Vimala Pons © Makuto Chill Okubo

Informations pratiques

LE PÉRIMÈTRE DE DENVER – Vimala Pons

Conception, réalisation, texte et création sonore
Vimala Pons

Interprétation
Vimala Pons

Collaboration artistique Tsirihaka Harrivel
Coordination artistique et assistante de production Adeline Ferrante
Régie de création Benjamin Bertrand
Régie générale Benjamin Bertrand, Benoit Laurent
Création et régie son Anaëlle Marsollier, Annabelle Maillard
Création et régie lumière vidéo Arnaud Pierrel
Régie lumière et vidéo Arnaud Pierrel, Alexandre Dubus
Habilleuse Agathe Poitevin
Création costumes Marie La Rocca, Anne Tesson, Rémy Ledudal
Habilleuse à la création Mélanie Leprince, Anaïs Parola
Construction des objets Charlotte Wallet, Olivier Boisson,
Atelier de Nanterre-Amandiers CDN, Marlène Bouana
Collaboration SFX, fabrication des prothèses l’Atelier 69 et Elise Lahouassa
Collaboration scénographie Marion Flament et Jimme Cloo (Bigtime Studio)
Conception des systèmes électro et vidéos Alex Hardellet, Charles Sadoul
Collaboration dispositif lumière Sylvain Verdet
Collaboration informatique musicale Ircam Robin Meier
Artificiers Marc Chevillon, Benjamin Bertrand, Benoit Laurent

Dates
Du 12 au 23 avril 2023 au Centre Pompidou, en partenariat avec l’IRCAM, Paris
1er, 2 juin 2023 au Festival Utopistes (Maison de la Danse), Lyon

Durée
1h30

Adresse
Centre Pompidou
Place Georges Pompidou
75004 Paris

Centre Pompidou Paris
https://www.centrepompidou.fr