"LE PETIT CHAPERON ROUGE" de la Compagnie Ah si c’est comme ça, Le petit chaperon jaune

Le Petit Chaperon Rouge de la Compagnie Ah si c’est comme ça © DR

Dans une forêt lointaine, vivent 3 générations de femmes, la mère et la fille dans une maison, la grand-mère seule dans une autre. Entre elles, un grand creux d’amour s’invite au grand désarroi de la petite qui cherche à se faire remarquer de sa maman tellement occupée qu’elle ne voit pas sa fille. Le seul jeu qui les relie est celui où la mère se transforme en monstre qui fait peur. Que va-t-il se passer quand la petite rencontrera la véritable bête véritablement monstrueuse ?

Joël Pommerat a déjà adapté Cendrillon avec un angle de vue particulier sur la façon dont la jeune fille fait son deuil avec les dernières paroles de sa mère. Son écriture est très ajustée, sans fioriture, au cœur du sujet dans les 2 sens. Dans Le Petit Chaperon Rouge, deux comédiennes Nina Ballester et Nina Cruveiller jouent tous les rôles dans un décor réduit à l’essentiel avec la bonne trouvaille de la porte transformée en lit dans un grand fracas. D’abord narratrices, elles ne revêtent que par la suite leurs imperméables marins suspendus à des cintres, créant l’anticipation chez le spectateur, jaunes pour la petite et la mère qui revêtira le noir par dessus pour endosser le rôle du véritable monstre et ce n’est pas un hasard.

Au début, dans leur dialogue, les 2 comédiennes mettent en valeur la description d’une mère absente à sa fille invisible. Pourtant elle s’en soucie puisqu’elle ne lui donne pas l’autorisation de sortir seule. La fille se défend d’être grande quand la mère la trouve trop petite encore et toujours. Vient l’épreuve du gâteau qui permettra la sortie non accompagnée pour aller voir sa grand-mère seule. Après des essais et des erreurs, elle arrive par miracle à faire un flan digne de son nom bien que trop coulant. Est-ce un clin d’œil au gâteau de Peau d’âne ? Le jeu de voix de la grand-mère au ralenti et robotisé nous la plonge outre mesure dans la dépression. La seconde partie est plus squelettique, sans valeur ajoutée par rapport à la version originale. La fin est comme bâclée, n’apportant aucun angle de vue spécifique comme le début prometteur en pistes. Est-ce voulu ?

Le texte jeune public, d’une grande exigence, devient un spectacle tout public, s’adressant de la même manière aux enfants et aux adultes, tout en questionnant la théâtralité, la frontière entre l’interprète et le public. Ainsi, les 2 comédiennes investissent tout autant l’espace du public que celui de la scène. L’effet redondant de la narration peut être jugé superflu pour le public adulte et le nouveau code couleur jaune déroutant pour le jeune public.

Le Petit Chaperon Rouge de la Compagnie Ah si c’est comme ça © DR

Informations pratiques

LE PETIT CHAPERON ROUGE

Auteur(s)
Joël Pommerat

Mise en scène
Nina Ballester et Nina Cruveiller

Interprétation
Nina Ballester et Nina Cruveiller
Collaboration artistique Barthélémy Fortier
Scénographie Lola Seiler
Création musicale Edouard Demanche
Chorégraphie Léa Souleille
Création lumière Pierre Peyronnet et Nicolas de Castro
Production Compagnie Ah si c’est comme ça