« LE REPAS DES FAUVES », une plongée terrifiante au cœur de la lâcheté humaine.

Le repas des fauves, mise en scène Julien Sibre © Fabienne Rappeneau

Ce spectacle ayant remporté trois Molières en 2011, revient en 2023 sur la scène du théâtre Hébertot, adapté et mis en scène par Julien Sibre.
C’est l’Occupation, et la TSF crache les informations du jour, devant le rideau avant que celui-ci ne s’ouvre, dévoilant un salon bourgeois parisien. Sept amis se retrouvent pour fêter l’anniversaire de Sophie, jusqu’à ce que deux officiers allemands ne soient abattus sous les fenêtres. Kaubach, commandant nazi, magnanime, laisse aux invités le choix de choisir eux-mêmes deux otages. Et c’est ainsi que commence l’épouvantable comédie de la lutte pour la survie. Plus d’amitiés, ou de faux-semblants, à mesure que le temps passe, chacun révèle ses pires comme ses meilleurs côtés.

Il y André, homme d’affaires traitant avec les nazis et se révélant lâche et pathétique. Sophie, courageuse et faible à la fois. Françoise, résistante et ne voulant pas vivre jusqu’au jour de l’Armistice, où, dit-elle « les gens danseront sur les morts »; Jean-Paul, docteur prêt à tout pour survivre. Le commandant Kaubach, officier nazi cultivé et sadique, Victor, mari de Sophie sublimé dans la scène de fin, et enfin Vincent, professeur d’école et profondément nonchalant. Pierre, vétéran de la Première Guerre où il y a laissé la vue, est l’un des seuls à suivre ses convictions, jusqu’au bout.

Le plateau est chargé, sans superflu. Un cyclo en fond de scène projette des images, telles que la fenêtre, ou le meurtre des officiers à la façon d’une BD, dont les dessins ressemblaient curieusement à Maus. Le salon est confortable, un bureau en fond de scène côté jardin, un canapé entouré de fauteuils. Un tourne disque et la radio. On s’y croirait, et même si la mode revient à la nudité du plateau et à la sobriété des costumes, le réalisme de cette pièce et de sa scénographie font du bien.

Les acteurs, avec brio, nous font ressentir toutes leurs émotions et soit nous nous surprenons à rire à un passage atroce et déchirant (en nous sentant bien coupables après coup), ou bien, nous nous ratatinions sur nos sièges en serrant les dents. En sortant, les discussions tournaient sur « Je sais pas comment j’aurais réagi. », « J’ai ri quand ils ont dit ça, c’est horrible non ? »
Cette pièce nous interroge sur qui nous sommes, hommes ou monstres ? Altruiste ou individualiste ? Lequel des sept amis nous ressemble le plus ?

Les comédiens se donnent et reçoivent, et l’on ne peut que remercier Julien Sibre d’avoir accepté de ressortir ce spectacle, dix ans après son succès, et de l’avoir si bien adapté. Il ne faut pas avoir peur, de plonger au cœur de nous-mêmes, et de nous interroger sur quel camp nous aurions choisi. S’il y a une chose que Le repas des fauves nous enseigne, c’est que l’on ne sait jamais vraiment.

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Le repas des fauves, mise en scène Julien Sibre © Fabienne Rappeneau

Informations pratiques

LE REPAS DES FAUVES

Auteur(s)
Vahé Katcha

Mise en scène et adaptation
Julien Sibre

Interprétation
Thierry Frémont, Cyril Aubin (en alternance), Olivier Bouana, Sébastien Desjours (en alternance),
Benjamin Egner (en alternance), Jochen Hägele, Stéphanie Hédin (en alternance),
Jérémy Prevost (en alternance), Barbara Tissier (en alternance), Alexis Victor (en alternance), Stéphanie Caillol
Création lumières Jean François Domingues
Scénographie Camille Duchemin
Réalisation graphique Cyril Drouin
Costumes Mélisande de Serres
Musique originale Jérôme Hédin

Dates
Du 14 septembre 2023 au 7 janvier 2024
Du mercredi au samedi à 21h, les samedis à 16h et les dimanches à 15h

Durée
1h45

Adresse
Théâtre Hébertot
78 bis, Boulevard des Batignolles
75017 Paris

Informations complémentaires

Théâtre Hébertot
www.theatrehebertot.com