« LES AVEUGLES », Une esthétique forte pour une lente descente vers le désespoir

Les Aveugles, mise en scène Clara Koskas © Ema Martins

Un groupe de personnes aveugles se réveillent d’une longue sieste et découvrent que leur guide n’est pas revenu les chercher. Personne ne connaît le chemin pour rentrer. Dans cette inextricable situation, un vent de panique commence à se lever mais il sera vite interrompu par l’aînée de la bande. Tous essayent de se rappeler les derniers mots du guide et tentent d’identifier par leurs autres sens le lieu où ils se trouvent.

Impossible de commencer sans parler du premier tableau qui s’offre dès l’entrée dans la salle. Tout de suite, une odeur de terre fraiche prend le spectateur aux narines. Ensuite, à travers une épaisse brume qui se dissipe peu à peu, des silhouettes noires se détachent, puis une rouge au centre, des fougères, des troncs d’arbres se devinent. Le fond de la salle reste flou mis à part une étrange lumière en haut à cour. Serait-ce la lune ? De ce magnifique travail de conception de décors, réalisé par Théo Bertolotti, émane une ambiance de sous-bois sombre qui laisse présager des moments d’angoisse à venir.

Théo Bertolotti et sa collègue Anne Tailliez ont également excellé dans l’art de création de marionnettes. Un bébé aux mouvements presque trop réalistes et un vieux prêtre imposant s’animent tous deux et captivent l’attention.

Les costumes et le maquillage évoquent une secte religieuse dans un film d’horreur. Tous les comédiens ont le visage recouvert de blanc souligné des traits noirs qui accentuent leur ossature ou leurs rides. Ils sont tous habillés de grandes toges noires à l’exception de la plus âgée qui a la tête recouverte d’un grand tissu rouge et dont les yeux sont obstrués. Cette image donne tout de suite une impression de malaise.

Un chant a cappella repris en chorale par tous les comédiens apporte des frissons d’émotions. Très belle prestation menée par Diane Rumani. L’agencement et la superposition des voix emportent superbement le spectateur.

Il ne reste plus qu’à féliciter les acteurs pour leur impressionnant jeu corporel, particulièrement lors de la manipulation des marionnettes. Un grand bravo également à Pénélope Martin pour son incarnation corporelle d’une vieille dame aveugle, sa gestuelle est irréprochable.

Visuel 2 ©EMA MARTINS

Les Aveugles, mise en scène Clara Koskas © Ema Martins

Informations pratiques

LES AVEUGLES – Compagnie Populo

Auteur
Maurice Maeterlinck

Adaptation et mise en scène
Clara Koskas

Interprétation
Gabrielle Arnault (en alternance), Suzanne Ballier, Grégoire Chatain, Paul de Moussac,
Léo Hernandez, Pénélope Martin, Angélique Nigris, Randa Tani, Diane Rumani (en alternance)

Décors Théo Bertolotti
Création Marionnettes Anne Tailliez et Théo Bertolotti
Lumière Titiane Barthel
Costumes Emmanuelle Bertolotti, Chloé Bussat
Maquillage Sarah Dellecase, Océanne Gagnot
Création sonore Philippe de Coquereaumont
Musiciens Mickaël Bourse en alternance avec Romain Firroloni
Régisseur son Luck Parize
Traduction des chants russes Elisabeth Toutounov, italiens Angélique Nigris, grecs Chryssoula Alexiou Production Compagnie Populo

Dates
Jusqu’au 28 mars 2023, du dimanche au mardi à 21h au Théâtre Les Déchargeurs, Paris

Durée
1h

Adresse
Théâtre Les Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris

Informations complémentaires

Théâtre Les Déchargeurs
lesdechargeurs.fr

Compagnie Populo
www.lacompagniepopulo.com