« LES GUÊPES DE L’ÉTÉ NOUS PIQUENT ENCORE EN NOVEMBRE » de Ivan Viripaev

Les Solitaires Intempestifs publient Les guêpes de l’été nous piquent encore en novembre de Ivan Viripaev. Traduit du russe par Tania Moguilevskaia et Gilles Morel.

Le titre est intrigant, poétique. Il met le futur lecteur en appétit : voyons ce que sont ces guêpes à la longévité exceptionnelle, se dit-il. Venue de Russie, cette comédie en un acte a été traduite à l’initiative de la Maison Antoine Vitez – centre international de la traduction et créée au théâtre du Rond-Point le 17 mars 2015 dans une mise scène du collectif « Ildi ! eldi ».
Trois personnages :
Elena, 35 – 40 ans
Mark, 60 – 70 ans
Joseph, 60 – 70 ans
Le lieu n’est pas précisé ; on peut penser qu’il s’agit du salon d’un des protagonistes.

Trois personnes, donc, sont réunies et se taisent longuement quand le rideau s’ouvre. Mais dès les premiers échanges, on se perd : jamais les gens ne s’adressent à leurs amis en utilisant les prénoms ci-dessus. Sarra, Robert et Donald sont les noms utilisés. Bizarre, se dit-on, et l’on espère que cet embrouillamini a une mystérieuse raison. Hélas, jusqu’à la dernière réplique, aucune justification.

Qu’en est-il alors de l’intrigue ? On discute au sujet d’un certain Markus, pour savoir si, lundi dernier, il était ou non présent chez les uns ou chez l’autre.
• Tu sais, Sarra, Markus ne pouvait pas être chez toi lundi dernier parce que, lundi dernier, il était chez Donald.

La question va occuper toute la pièce, mais on ne sait pas vraiment pour quelle raison. Débusquer le mensonge ? pointer la fragilité des témoignages ? mettre en évidence les jalousies ? tout cela à la fois et rien du tout, en fin de compte. Les appels passés : au fameux Markus, puis à l’épouse de Joseph (qui ne s’appelle pas Joseph) et encore à madame Gertrude, la voisine, ne permettent pas d’éclaircir le mystère. Surtout que, bien évidemment, les témoins se contredisent, s’embrouillent, avouent avoir menti ou affabulé, évoquent des épisodes improbables d’avortement ou de dégustation d’une phalange humaine… Est-ce que tout ça est censé faire rire ?

Finalement, ils sont tous d’accord sur une chose : « les guêpes de l’été nous piquent encore en novembre ». La phrase sibylline est reprise par les uns et/ou les autres, sans qu’on finisse par savoir ce qu’elle peut bien signifier. Mais à la toute fin, ces fameux insectes deviennent l’alibi pour une partie de chatouilles aussi improbable qu’incompréhensible.

Drôle de théâtre que celui-là ; qui déstabilise sans vraiment vous intriguer.

Informations pratiques

Auteur(s)
Ivan Viripaev

Prix
14,50 euros

Éditions Les Solitaires Intempestifs
www.solitairesintempestifs.com