Canti de Simon Bailly © Lauri Dall’ava
C’est une pièce pour quatre chanteurs / danseurs / instrumentistes qui se propose d’évoquer les liens entre l’individu et le groupe, comment se font et se défont les relations, tant dans le chant que dans le mouvement. La musique, ce sont essentiellement des airs venus de la Renaissance Italienne et de chansons populaires interprétés par les quatre voix magnifiquement harmonieuses et puissantes.
Vois, maintenant il nous est demandé de porter ensemble pièces et morceaux, comme s’ils étaient le tout. (Rainer Maria Rilke) dans cette phrase, tout est dit du projet et de la condition humaine aussi !
S’ajoutent à ces éléments des projections de gestes peints par la plasticienne Nadia Bailly, empreintes que laisse le mouvement sur le papier, mais qui n’apparaissent qu’en dernière partie de la pièce et restent discrètes.
Le spectacle commence donc dans la pénombre et en musique. Les quatre voix montent à la fois à l’unisson et spécifiquement. Les silhouettes se tiennent presque dans les coulisses. À l’avant-scène côté cour, un synthétiseur muet pour le moment et qui sera activé plus tard, en soutien aux gestes ou aux chants.
Les humains stylisés que l’on voit là évoquent tantôt leur individualité, tantôt leurs rapports : se soutenir, s’entraider, se défier aussi, s’aimer, bien sûr, dans des séquences brèves entrecoupées de chants qui obéissent aussi à ce désir double : se singulariser et s’unir. Une séquence est particulièrement savoureuse, c’est celle où les quatre, main dans la main, dansent une sorte de tarentelle polyphonique adaptée de la chanson d’apprentissage « Jean Petit ». Comme dans les « Folia » le rythme est endiablé et la danse inspirée du folklore l’est aussi. Pas simples, formes variées, énergie sans faille et précision tant dans le chant que dans les pas. L’image de l’union par excellence. On sourit à ce clin d’œil savoureux et on admire le fait que nos quatre compères ne présentent aucun signe d’essoufflement après une telle séquence. À cela on reconnaît la formation de chanteur lyrique de Simon Bailly. La séquence dans laquelle la jeune fille se déplace sur ses genoux en lotus évoque, elle, la singularité, voir le handicap et l’aide qu’il faut, là encore, apporter.
Un petit regret : il faudrait à cette œuvre, un peu plus d’humour, une légère distance, afin que certains spectateurs peu réceptifs à ce genre de réflexion existentielle soient plus faciles à embarquer…
Canti de Simon Bailly © Lauri Dall’ava
Informations pratiques
CANTI Création 2023
LES HIVERNALES Festival de danse Avignon du 14 février au 2 mars 2024
Chorégraphie
Simon Bailly
Interprétation
Phanuel Erdmann, Simon Bailly, Anne-Emmanuelle Davy, Martial Pauliat
Gravure Nadia Bailly
Création lumière Thomas Cany
Costumes Constant Chiasal Polin
Regard extérieur Marie Use Naud
Production Matière Mouvement
Coproduction Incubateur de la Fondation Royaumont
Durée
50 mn
Dates
Le 24 février 2024 à la Chapelle des Pénitents Blancs à Avignon, dans le cadre des Hivernales
Adresse
Chapelle des Pénitents Blancs
Place de la Principale
84000 Avignon
Informations complémentaires
Festival Les Hivernales Avignon
www.hivernales-avignon.com
Simon Bailly
simonbailly.fr