LES RÈGLES DU JEU « KILLT – Ki Lira Le Texte » , mise en scène Malte Martin
© Christophe Raynaud De Lage
KiLLT – Ki Lira Le Texte
Une incitation collective à la lecture à voix haute
EN TOURNÉE
KiLLT – Les Règles du jeu
De Yann Verburgh
Conception Olivier Letellier
Mise en espace Malte Martin
création 2020
Spectacle tout public à partir de 10 ans
Durée 1h
Avec en alternance Antoine Boucher, Angèle Canu, Nathan Chouchana, Jérôme Fauvel,
Aurélie Ruby et Jonathan Salmon
Directeur technique Arthur Franc
Régisseur Colas Reydellet
Les collaborateurs des laboratoires Sarah Brannens, Fiona Chauvin, Samir Chiguer, Julien de Ciancio, Guillaume Fafiotte, Marion Lubat et Loïc Renard
À partir d’un texte de Yann Verburgh, Les Règles du Jeu, Olivier Letellier, un collectif d’acteurs et le graphiste-plasticien Malte Martin créent un dispositif modulable, transposable à tous lieux. Lire à voix haute, ensemble, ce texte qui regarde le monde, la guerre et la migration depuis l’enfance, c’est entrer de plein corps dans le vécu des personnages, c’est bâtir l’histoire et la manière dont on la dit collectivement.
Dans le cadre des NUITS DE LA LECTURE, rendez-vous à ne pas manquer à la MPAA/Bréguet :
Jeudi 19 et vendredi 20 janvier à 19h30 >>>> Informations et réservations ici
Samedi 21 janvier à 19h30, 20h30, 21h30, 22h30 et 23h30 >>>> Informations et réservations ici
KiLLT – LE PRINCIPE
L’idée
Olivier Letellier, directeur des Tréteaux de France poursuit ses projets dédiés à l’écriture
théâtrale contemporaine pour la jeunesse. Il a notamment, développé de nombreuses
actions autour de la lecture à voix haute, rassemblées sous le label KiLLT pour Ki Lira Le Texte.
Car, si peu de doigts se lèvent en classe à cette question du professeur (« Qui lira le texte
? »), peu de voix s’élèveront par peur d’être entendues, critiquées, notées. Et, puisque lire à
haute voix c’est déjà dire à l’autre, nous voulons « dédramatiser » cette pratique en la sortant
de l’exercice scolaire.
A travers un dispositif hybride, déambulatoire, théâtral et plastique, nous voulons transmettre
le plaisir des mots, le désir de lire, l’audace de dire mais aussi l’importance de s’engager. Car
ce récit n’a lieu que si chacun amène sa voix, sa présence, son caractère pour lui donner vie.
Cette mise en voix partagée permet d’entrer de tout son corps dans l’histoire et de mieux
ressentir et comprendre les enjeux des protagonistes. Nous sommes convaincus que cet
engagement résonne avec l’idée d’une société solidaire à laquelle chacun, à sa manière,
contribue.
Le rapport physique au texte est une donnée essentielle de notre recherche artistique. Lorsque
nous nous sommes récemment interrogés sur la manière de communiquer au spectateur ce
rapport sensoriel à l’écriture, nous avons tout de suite imaginé déplacer la lecture. Au sens
littéral comme au figuré : en faisant de cette occupation trop souvent considérée comme
solitaire et silencieuse, statique et intellectuelle – souvent fastidieuse – une activité collective
et ludique, pratiquée de vive voix et le corps en mouvement. Déplacer la lecture revient aussi
à la sortir d’un cadre attendu, prouver son omniprésence – du panneau publicitaire à la
brique de lait en passant par la signalétique du gymnase – afin qu’elle puisse déplacer le
lecteur même – et avec lui, son imaginaire –, en lui faisant redécouvrir des lieux familiers ou
méconnus, en bouleversant son rapport au texte.
À travers les prismes du jeu et de la fiction, l’inversion des rôles et l’incorporation d’autres
points de vue sont une manière d’aborder la subjectivité et la relation. Une mère pourra lire
la réplique du fils et, en regardant son fils prendre la réplique maternelle, se regarder dire.
Aujourd’hui particulièrement, il nous semble important de se relier au travers d’une action
commune : quitter les murs familiaux et scolaires pour déjouer les habitudes, ré-oxygéner les
interactions.
La conception
Dans un lieu défini – un jardin, un théâtre, un lieu patrimonial, un établissement scolaire, une
entreprise – un duo de comédiens devient guide pour un petit nombre de participants. Tour
à tour, les interprètes se font ensuite lecteurs d’un texte théâtral exposé sur un parcours
établi au préalable, scénographié et typographié pour être lu avec attention et l’intention
souhaitée. Le comédien-guide-lecteur se fait enfin passeur, lorsqu’il invite peu à peu chaque
participant à prendre part – seul ou en choeur –, à lire et à endosser un rôle, passant du
statut de spectateur à l’état de lecteur, acteur de l’expérience, en immersion dans le texte.
La phrase le fait avancer, l’entraîne à la déchiffrer sur le mur, à ouvrir la porte pour la suivre
et à l’éprouver : en lui faisant chuchoter son secret sous une table, crier sa colère en grand
sur les murs, essuyer sa crainte sous ses pas ou encore révéler sa surprise derrière un buisson.
Avant toute chose, le comédien présente aux participants le mode d’emploi du KiLLT : une
manière de poser les conventions graphiques de lecture, de désinhiber la prise de parole et
d’entrer dans le texte. L’adaptation repose sur le type de relation physique au texte que nous
souhaitons instaurer. Nous faisons en sorte que le participant donne la réplique au comédien
qui prendra en charge la part la plus importante du dialogue. Le registre de jeu s’éloigne du
performatif et relève plutôt de l’intime, de telle sorte que l’acteur, en lisant à son rythme,
puisse inviter le spectateur à lire, lui-même, à son propre rythme, sans chercher à jouer.
Nous tentons de trouver un équilibre entre les prises de parole chorales et individuelles,
volontaires et désignées. Le comédien n’est pas un guide ou un animateur, certes il donne la
notice et mène le groupe mais, une fois la pièce lancée, il joue le personnage qui lui est confié.
La traduction graphique de l’émotion que véhicule le mot est aussi un support important de
la direction puisque c’est elle qui permet aux participants d’oser prêter leur corps et leur voix
aux intentions des personnages. Ce n’est pas une simple mise en lecture, c’est une véritable
immersion.
KiLLT
D’après Les Règles du jeu
de Yann Verburgh
L’histoire
C’est une histoire qui se passe aujourd’hui, hier et demain, une histoire qui se répète,
indéfiniment. Dans la plus vieille ville des Pays-des-Guerres, au lendemain de la dernière des
dernières guerres, il n’y a plus rien à détruire. Un soir entre Soleil et Lune, Oldo rencontre
Nama. Les deux enfants se verront chaque jour qui suivra, leurs jeux bâtiront leur rêve et leurs
dessins, les plans d’une ville nouvelle.
L’intention
Je cherchais un texte qui puisse rapporter, à hauteur d’enfance, un exil. On parle des migrants
comme un problème de société mais on omet bien souvent de raconter ce qu’ils quittent, ce
qu’ils traversent et pourquoi font-ils le choix de risquer leur vie. Ces gens que l’on croise dans
la rue, que l’on voit au journal télévisé sont des êtres humains que l’on malmène. D’emblée,
à travers la voix d’un narrateur nommé La Lumière, Yann Verburgh expose un contexte
géopolitique contemporain : terrain de jeux des États-de-Paix qui les arment, les Pays-desGuerres dévastés sont devenus le territoire des milices, délaissés par leurs habitants qui fuient
les ruines et abandonnés par ces mêmes États-de-Paix qui n’ont plus de richesses à y piller.
Yann a interrogé des enfants et a su transposer à leur hauteur ce qui relève d’enjeux mondiaux,
de conflits bien plus grands qu’eux. Dans une séquence intitulée Cinq milles jours sans toi, il
condense la rudesse du voyage, la difficulté de rester et l’éloignement qui se creuse entre
Oldo et Nama, séparés par les milles et le temps. Il octroie à ses personnages à l’enfance
brisée une vraie force d’action qui me plaît. Nama revient pour reconstruire son pays et raviver
Oldo : « La lâcheté, c’est de renier ses rêves » dit-elle. Bien évidemment, ça dit l’importance
et la puissance de l’imaginaire pour réinventer le monde. Mais il y a un vrai propos politique
sur les relations entre territoires et populations qu’il me semble important de porter auprès
des enfants et de leurs parents. Quel impact un tel texte peut avoir dans l’intimité des foyers,
lorsque, peut-être, les enfants parleront de ce qu’ils ont lu ? Qu’en feront-ils ?
OLIVIER LETELLIER
Angèle Canu dans LES RÈGLES DU JEU « KILLT – Ki Lira Le Texte » , mise en scène Malte Martin
© Christophe Raynaud De Lage
KiLLT
Extraits Les Règles du jeu
de Yann Verburgh
Jour 56
Nama. – Je ne savais pas que les États-de-Paix étaient si loin.
Le désert à perte de vue, devant nous, n’en finit pas.
Oldo. – J’ai peur que mon père ne revienne jamais.
Nama. – Ma tante est malade.
Je ne sais pas si Dieu l’a voulu.
Son mari se garde bien de lui dire.
Oldo. – Si tu vois mon père
N’oublie pas de lui dire que je l’attends.
Jour 122
Nama. – Trois mois que nous marchons.
J’ai l’impression que nous n’arriverons jamais.
Oldo. – L’hiver est arrivé.
La Vieille-Ville est recouverte de neige.
Nama. – Les nuits sont aussi froides
Que le jour est brûlant.
Oldo. – Tout est d’un blanc magnifique.
On pourrait dessiner dessus.
Nama. – Je me demande si tu dors toujours sous les étoiles.
Oldo. – Est-ce qu’il neige aussi chez toi ?
Nama. – J’ai faim.
Oldo. – Et si en fondant
La neige faisait place à une nouvelle ville ?
Jour 155
Nama. – Nous sommes arrivés dans un immense hangar.
La mer n’est plus très loin.
Des milliers de personnes s’entassent ici.
Oldo. – Une milice m’a enlevé.
Ils m’ont emmené dans un camp avec d’autres enfants
à l’extérieur de la ville.
Nama. – Nous sommes traités comme des animaux.
Oldo. – Nous sommes traités comme des animaux.
Nama. – Je ne vois plus les étoiles.
Oldo. – Je ne dors plus sous les étoiles.
Nama. – J’espère qu’elles te parleront quand même
de moi.
Oldo. – Il faut que je m’enfuie.
Extrait Dossier de Presse
Informations pratiques
LES RÈGLES DU JEU KILLT – Ki Lira Le Texte
Dans le cadre des NUITS DE LA LECTURE
Dates
Jeudi 19 et vendredi 20 janvier à 19h30
Samedi 21 janvier à 19h30, 20h30, 21h30, 22h30 et 23h30
Adresse
MPAA/Breguet
17/19 rue Breguet ou
30/34 rue du Chemin Vert
75011 Paris
Informations complémentaires
Maison des Pratiques Artistiques Amateurs
www.mpaa.fr
Tréteaux de France
www.treteauxdefrance.com