« LETTRE À UNE DEUXIÈME MÈRE », dites-moi Simone, comment on cesse d’être un objet ?

Lettre à une deuxième mère, mise en scène Constance de Saint Remy © Mathis Leroux

Nous connaissons tous la fameuse phrase « On ne naît pas femme : on le devient », mais qui était vraiment Simone de Beauvoir ? Comment elle a fait avec Sartre ? D’ailleurs, pourquoi on ne parle jamais de Simone sans citer Sartre ? La pièce Lettre à une deuxième mère est un bijou, on rit, on s’interroge, dans une ambiance de bistrot parisien à l’heure de la fermeture.

La pièce s’ouvre sur une jeune comédienne, serveuse à ses heures perdues. Son patron est un con, elle vient d’emménager avec son copain, et s’est ruinée à acheter l’œuvre de Simone de Beauvoir. Dans un monologue passionné, elle écrit une lettre à celle que les féministes peuvent considérer comme une deuxième mère. La comédienne, dans une voix rauque et sensible, demande « Pourquoi, aux cafés, les photos vous montrent surtout entourée d’hommes ? Est-ce que vous préfériez leur compagnie ? Attendiez-vous qu’ils finissent de parler pour en placer une ? ».

La pièce est un dialogue entre cette comédienne perdue entre les multiples courants du féminisme et Simone de Beauvoir, apparue sous les traits du patron décédé en accident de vélo au tout début de la pièce. Le comédien Louis Albertosi interprète avec virtuosité le personnage de Simone de Beauvoir, adoptant son attitude, son regard et même son intonation. Le décalage est comique mais pas absurde. Au fur et à mesure de la pièce, on ne voit plus le jeune homme aux cheveux longs, mais bien Simone.

Sans pour autant être un exposé scolaire sur l’œuvre de Simone de Beauvoir, Constance de Saint Remy a réussi à écrire sa pièce de manière à nous la rendre plus accessible, attachante, humaine. La comédienne principale, dont nous saluons la justesse du jeu et sa puissance, confie à Simone ses doutes en tant que comédienne, les multiples concessions du métier, le désarroi dans les salles d’attente avant d’auditionner, face à de multiples filles, au même physique qu’elle. Les petits rôles télés, ridicules, qu’on s’efforce d’oublier. Les espoirs envolés. Ce à quoi Simone rétorque qu’elle « n’a qu’à se sortir les doigts du cul et travailler ».

Louis Albertosi et Camille de Sablet pleurent ensemble, rient et s’engueulent. Le public est avec eux du début à la fin. Que vous soyez féministes ou non, allez voir cette pièce, bénéficiaire du partenariat entre Prémisses et le Théâtre de l’Athénée pour une saison « Jeune Création ». Vous ne lirez peut-être pas Le deuxième sexe en sortant, mais vous aimerez un peu plus, l’extraordinaire Simone de Beauvoir.

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Lettre à une deuxième mère, mise en scène Constance de Saint Remy © Mathis Leroux

Informations pratiques

LETTRE À UNE DEUXIÈME MÈRE

Auteur(s)
Constance de Saint Remy

Mise en scène
Constance de Saint Remy

Avec
Louis Albertosi et Camille de Sablet
Création lumières et régie générale Marine Flores
Montage vidéo Louis Albertosi et Constance de Saint Remy

Dates
Du mardi 14 mars au samedi 18 mars 2023 à 20h30, dimanche 19 mars à 16h30 au Théâtre de l’Athénée, Paris

Durée
1h30

Adresse
Théâtre de l’Athénée
2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet
75009 Paris

Informations complémentaires

Théâtre de l’Athénée
www.athenee-theatre.com