« L’HOMME DE NAPLES » de Macha Méril, L’amour, la photographie, le cinéma. Les années d’une jeunesse passionnée revues par une quadragénaire sans nostalgie

L’Homme de Naples de Macha Méril aux éditions L’Archipel
Photographies de Luciano D’Alessandro

C’est ce qu’on appelle un beau livre et il est beau, en effet. À la fois un texte, récit d’une expérience passionnelle, et album de photos. Des photos noir et blanc, très classe, comme on en faisait autrefois, du temps de l‘argentique.

Luciano d’Alessandro était un photographe passionné, très actif, toujours en éveil, parcourant le monde pour en témoigner ; attentif aux petits, aux sans grade, que ce soit à Naples, en banlieue ou en Amazonie. La rencontre aurait pu ne jamais avoir lieu, car il n’a jamais été photographe de plateau. Mais c’est elle qui avait un projet de film. Elle voulait se faire aider par un Italien bien renseigné… un ami lui avait arrangé cette rencontre avec lui, Luciano D’Alessandro. Immédiatement, l’évidence s’est imposée : ils s’aimèrent au premier regard, comme dans une bluette. Lui qui n’avait jamais fait de « photos de charme » fut pris de l’envie de la photographier elle, nue, souvent, au milieu de toute sorte de paysages.
Leur liaison a duré plusieurs années, mais ils n’ont pas vraiment vécu ensemble. Il voyageait pour ses photos, elle tournait; beaucoup en Italie, mais ailleurs aussi. Ils se retrouvaient dès que possible et c’était toujours la même frénésie.
Leur passion dévorante ne pouvait cependant déboucher sur rien. Jamais ils ne firent des projets de vie commune, encore moins d’enfant. Un amour en forme de longue parenthèse…

Finalement, elle rentra à Paris et se consacra au théâtre. Et puis elle épousa Michel Legrand.

Ce n’est que tout récemment, alors qu’elle a quatre-vingt-deux ans, qu’un musée napolitain l’a appelée. À cette occasion, elle a appris que des centaines de photos d’elle se trouvaient dans un carton sans date, juste référencé « AMORE ». C’est une sélection de celles-ci qui donne lieu à ce livre.

Outre le fait que les photos sont magnifiques et que le témoignage personnel est sincère, ce livre est intéressant parce qu’il évoque une époque charnière en Italie : le passage du militantisme de gauche très actif, voire cruel, à la société de consommation et de vulgarité biberonnée à la télé de Berlusconi. Le style d’écriture est froid, distancié. Le même qu’elle évoque la politique, le travail ou les élans amoureux. De plus, l’artifice choisi par Macha Méril de dire « elle », alors qu’on ne peut pas ne pas la reconnaître n’apporte rien. C’est au contraire une gêne. Elle, c’est moi, Macha Méril dit-elle dans l’épilogue. Franchement, ce n’est pas une révélation !

Informations pratiques

Auteur(s)
Macha Méril
Photographies de Luciano D’Alessandro

Prix
20 euros

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