« L’HORIZON DES ÉVÉNEMENTS », Frédéric Sonntag nous invite à élargir le champ des possibles face à la crise écologique

« Le réel est plein de possibles, il est plein de bifurcations. » Avec L’Horizon des événements, Frédéric Sonntag nous propose une écriture au carrefour du réel et de la fiction, et des trajectoires individuelles et collectives.

L’auteur, metteur en scène et acteur français avait proposé par le passé sa « Trilogie Fantôme », un cycle de pièces menant l’enquête sur trois identités fantomatiques et mystérieuses, déjà paru aux éditions Théâtrales : George Kaplan (2012), Benjamin Walter (2017) et B. Traven (2018). Cette fois-ci, il nous livre un diptyque intitulé « Se souvenir du futur » dont L’Horizon des événements forme la seconde partie et D’autres mondes (2021) la première.

En astrophysique, un « horizon des événements », « c’est une zone au-delà de laquelle la gravité est tellement forte que rien ne peut plus en ressortir. Une fois franchie cette limite, on ne peut pas revenir en arrière. C’est une zone de non-retour » comme le personnage de Louise Cooper l’explique dans la pièce. Trois récits se mêlent et dialoguent dans le texte, au sein d’espaces et d’époques différents, procédé d’écriture que l’auteur pratiquait déjà dans sa « Trilogie Fantôme ». L’un de ces récits est ainsi celui de Louise Cooper et de son collègue Edwin Wellington, deux astrophysiciens américains chasseurs de trous noirs, à la fin des années 1960. Mais « L’Horizon des événements » c’est également le titre d’une étude sur les limites de la croissance mondiale menée au milieu des années 1970 par Élena et William Jeffrey, deux économistes de renom à la tête d’une équipe scientifique pluridisciplinaire, mais brusquement interrompue. Un de leurs enfants, Nathan, se replonge dans le passé alors qu’il va bientôt être père, à la recherche des raisons de l’interruption brutale de cette étude qui aurait peut-être pu changer l’avenir de l’humanité si elle avait été menée à son terme…

Car cet « horizon des événements », s’il est un point de non-retour en astrophysique, il l’est également en terme écologique, question abordée dès les années 1970 mais d’une actualité de plus en plus brûlante : celle des limites planétaires et des dangers de plus en plus grands que font peser la société industrielle et la quête effrénée de croissance économique sur la survivabilité de la Terre pour l’humanité. À travers une écriture très documentée, Frédéric Sonntag aborde ces questions tout en menant une réflexion plus globale sur la nature du monde et de l’univers et la place de l’individu et du collectif au sein de ce système complexe.

Pour autant, son sens de la dramaturgie et du romanesque, parfois teinté d’humour, nous invite à élargir notre point de vue et le champ des possibles, pour tenter de conserver la capacité de l’humanité à changer son futur, notamment par le pouvoir de la créativité face à un avenir de plus en plus anxiogène car oui, le réel reste toujours plein de possibles et c’est une des forces de l’art en général et du théâtre en particulier de pouvoir le rappeler.

Informations pratiques

Auteur(s)
Frédéric Sonntag

Prix
14,90 euros

Éditions Théâtrales
www.editionstheatrales.fr