« LONDON BRIDGE », un seul en scène féministe sur les violences conjugales, dont le récit intime est amplement bouleversant

London Bridge mise en scène Laetitia Gonzalbes © Geoffrey Serguier

Au cœur d’une mise en scène épurée profondément saisissante, pensée par Laetitia Gonzalbes, la comédienne de London Bridge incarne avec fracas sa colère envers les violences conjugales dont elle a été témoin et victime toute jeune, au rythme de la batterie du musicien sur scène. Entre passé et présent, récit poignant et engagé d’une vie durement marquée.

D’origine franco-algérienne, Iman se présente sur scène comme une businesswoman accomplie, employée dans une banque d’investissements de Londres où elle s’est installée après avoir quitté son pays natal, la France. Affairée à son bureau, elle est soudainement habitée par des souvenirs – véritables épisodes traumatiques – accompagnés de sensations jusqu’alors enfouis. À travers son personnage d’autofiction et dans une course effrénée rondement menée, la comédienne se trouble au fil de la narration, tant la colère, son « monstre » qu’elle invoque à répétitions, face à ce qu’elle a vécu enfant s’est trop longtemps tue.

Du « time », Iman n’en a pas, n’en a jamais eu. Au collège déjà, elle est sans cesse pressée par le temps, ou pour être plus exact, oppressée par les responsabilités que lui incombent l’instabilité et l’insécurité du foyer familial : non seulement elle doit penser à faire ses devoirs d’école, mais elle doit également se charger de faire les courses, la cuisine pour ses trois frères et sœur et même les tâches ménagères. La jeune fille impuissante endosse très tôt le rôle de l’adulte à cause d’un père terriblement brutal qui n’hésite pas à s’en prendre à sa mère. Son inquiétude est immense, son innocence confisquée.

De concert, texte et musique live traduisent et soulignent les violences décrites par Iman, dont tout l’être est affecté. Par la chorégraphie, au son des percussions, la comédienne s’agite, illustrant les coups féroces que sa mère, dépossédée de son corps, inscrite dans cette « lignée de femmes aliénées » par la domination masculine, reçoit au quotidien. Quand elle ne danse pas, Iman joue avec puissance et vitalité, non sans une pointe de cynisme, son propre rôle mais aussi celui de tous les protagonistes de son histoire, se métamorphosant à l’envi : des membres de sa famille aux flics, en passant par le voisin de classe insupportable et ses professeurs, Iman fait appel à l’imaginaire des spectateurs. Tantôt en français ou en anglais, tantôt en arabe, la comédienne adresse au public chaque parcelle de son récit bouleversant, qu’elle a écrit tout entier. Elle nous prend à témoin comme elle le fut par son père lorsque, sans retenue aucune, il battait sa mère sous son regard effrayé de préadolescente.

LONDON BRIDGE, une performance engagée, percutante et plus que nécessaire. À ne rater sous aucun prétexte !

London_bridge02 ©Geoffrey Serguier
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London Bridge mise en scène Laetitia Gonzalbes © Geoffrey Serguier

Informations pratiques

LONDON BRIDGE Création – Compagnie Kabuki

Texte
Iman Kerroua

Mise en scène et création lumière
Laetitia Gonzalbes

Jeu
Iman Kerroua

Création musicale Laetitia Gonzalbes et Dogan Poyraz
Musique live Dogan Poyraz
Production La Compagnie Kabuki
Remerciements Ville d’Alfortville, Souffleurs de Sens, Ville de Thorigny-sur-Marne et Association Marici

Dates
Du 2 au 31 mai 2024 au Théâtre de Belleville, Paris
Jeudi, Vendredi à 19h, Samedi à 19h les 4, 11 & 25 mai, Samedi 18 mai à 18h, Dimanche à 15h

Durée
1h20

Adresse
Théâtre de Belleville
16 passage Piver
75011 Paris

Informations pratiques

Théâtre de Belleville à Paris
www.theatredebelleville.com

Compagnie Kabuki
www.compagniekabuki.com