"MA CUISINE" Une pièce sans recette

Dans cette pièce, qu’elle soit de théâtre ou non, la volonté du mélange des genres, des arts, est plutôt claire. L’audience assiste à une mixture composée à parts égales de lectures, d’images, de musiques, de marionnettes et de cuisine. Sylvain Maurice invite les spectateurs à pénétrer sa cuisine personnelle, lieu de recherche et d’invention, où les choses ne sont pas encore terminées, abouties.

Et c’est là-dedans que réside le réel problème du spectacle. Car il s’agit finalement d’une heure dans une cuisine sans vraie recette à suivre, sans finalité à atteindre. Les ingrédients sont jetés dans la marmite du plateau, sont mélangés et cuisent ensemble, sans être sûrs de la saveur finale. Malheureusement, elle n’est pas tellement au rendez-vous. La parole de Nadine Berland est constituée de différentes formes de souvenirs censés pouvoir évoquer certains sentiments, culinaires ou non, à tout le monde. Pourtant, ceux-ci sont trop précis, ils appartiennent très spécialement à une seule catégorie de public, certes très présente à Paris, mais définitivement pas unique. Même en oubliant certaines maladresse dans le texte ou l’interprétation de certains personnages imaginaires qui pourraient laisser comprendre (probablement à tort) un message peu louable sur d’autres cultures ou d’autres genres, il est impossible de passer sur un jeu plus que forcé des comédiens. En effet, presque comme s’il fallait compenser l’incohérence de l’enchainement du spectacle, le ton emprunté est celui du conte pour enfant, adressé à des enfants dont la compréhension serait limitée. En sus de cette direction franchement lourde, la mise en scène se concentre sur de l’illustratif, qui n’apporte pas beaucoup au sens de la pièce. Au moins un tiers des éléments du décor demeure inutilisé, et la musique faite en live, très bien interprétée malgré tout, n’apporte qu’un agrément de fond sans revêtir de réelle signification, ou de puissance émotionnelle.

Malgré ces nombreux écueils, les trois comédiens font preuve d’une réelle créativité dans les images qu’ils offrent à leur convives du public. Celles-ci parviennent par moments à être empreintes d’une forte poésie, ce qui rend l’heure à passer à les observer loin d’être désagréable. Comme un marshmallow enrobé de sucre, ce n’est pas très logique, mais pourquoi pas essayer une fois…