"MADAME PINK " Le kitch n'amuse pas toujours

Madame Pink a tout pour plaire. Cette « comédie canine avec chansons » nous allèche avec un propos kitch, absurde et délicieusement déluré. Elle nous apprendra avant tout que les rêves ne deviennent pas toujours réalité, qu’un chiot ne reste pas petit et mignon toute sa vie, et qu’il ne faut pas juger un spectacle à son visuel. Pour une satyre de l’Amérique et de son Saint-Patron Walt Disney, cela aurait été à propos, mais ce n’est malheureusement pas à cet endroit qu’on l’attendait.

Madame Pink est un personnage mythique, hybride américain entre une héroïne de Desperate Housewife et de Peggy La Cochonne. Une histoire de bourgeoise vulgaire qui s’ennuie. Sa solution est simple : adopter un caniche rose et, cela va de soit, vulgaire. Telle maîtresse, telle chienne ! Et sans aucune éducation, le chien va détruire la vie de la vieille femme, qui se résumera au final à un défilé d’amants et de potentiels prétendants. Le livret de Alfredo Arrias se moque sans détour des comédies musicales américaines. Mais qui se moque sans aucune profondeur, se trouve encore plus ridiculisé. Tel est pris qui croyait prendre !

La scénographie d’Agostino Iacurci est parfaite avec ses couleurs criardes et son design typiquement kitch. Mais la pièce n’a d’absurde que la forme et les couleurs, elle ne fait preuve d’aucun ressort comique réussi. Le parallèle avec le théâtre de Copi est évident. Les procédés fantastiques et grotesques pour attaquer le système américain sont là, mais la pièce n’arrive pas à ses fins. L’histoire apparaît trop simpliste et use de multiples vulgarités pour se donner de la contenance. Ne reste alors qu’un univers musical très appréciable et dynamique, que l’on écoutera sans chercher à comprendre ce qui se joue. Les comédien.nes affichent une très belle énergie, avec toute la superficialité de rigueur, et tiennent tant bien que mal ce spectacle aux fondations si fragiles.

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