« MADEMOISELLE JULIE » Une nuit de la Saint-Jean aux portes de l’enfer

Vivement décrié lorsqu’il est joué pour la première fois en 1889, le drame naturaliste de Strindberg Mademoiselle Julie, mis en scène au Théâtre de l’Atelier par Julie Brochen, marque aujourd’hui par l’intemporalité des enjeux qu’il explore. L’histoire, en un acte, se passe lors de la nuit de la Saint-Jean et respecte les règles d’unité de lieu, de temps et d’action. Mademoiselle Julie, fille d’un comte suédois, élevée comme un garçon par sa mère, est habituée à tenir tête aux hommes. Elle entraîne le valet Jean dans un jeu de séduction, sous l’œil accusateur de la cuisinière Kristin, jusqu’à se compromettre. Les deux amants vont alors devoir trouver ensemble une échappatoire à cette erreur fatale. Commence entre Julie et Jean un impitoyable bras de fer, l’affrontement de deux êtres prisonniers de leur classe sociale qui cherchent chacun à dominer l’autre. À travers ce duel, un homme et une femme en mal de considération révèlent la noirceur de leur âme. Julie se retrouve prise à son propre piège face au valet manipulateur et dévoilera au fil de la nuit ses blessures les plus secrètes. La lutte entre deux classes sociales, mais également la difficulté du rapport homme-femme sont questionnées dans cette bataille.

Le drame se joue dans la cuisine de la demeure. La scénographie austère pourrait rappeler l’intérieur d’une église : des murs gris très sombres, des fleurs au sol, un mobilier en bois simple. Les protagonistes y sont emmurés comme ils le sont dans leurs contradictions. Kristin revêt, dans ce décor avec sa longue robe noire, des allures de prêtre lorsqu’elle appelle Dieu à l’aide pour apaiser la situation. En fond de scène, une large ouverture très lumineuse, contrastant avec l’intérieur de la cuisine, semble figurer l’hôtel d’une église ou un paradis invisible duquel provient la rumeur de la fête de la Saint-Jean.
Dans le rôle de Mademoiselle Julie, Anna Mouglalis est amère, à vif, déjà marquée par la vie. Son personnage répond aux paroles de la chanson de Gribouille « Dieu Julie » qui résonne durant la pièce. Xavier Legrand fait apparaître avec subtilité les différentes facettes du valet Jean. Julie Brochen brille par sa justesse dans le rôle de Kristin. Avec beaucoup de rythme et d’énergie, le trio fait entendre le texte de Strindberg dans toute sa force et sa violence.

Reportage Pièce Mademoiselle Julie, mise en scène Julie Brochen avec Anna Mouglalis et Xavier Legrand
Reportage Pièce Mademoiselle Julie, mise en scène Julie Brochen avec Anna Mouglalis et Xavier Legrand
Reportage Pièce Mademoiselle Julie, mise en scène Julie Brochen avec Anna Mouglalis et Xavier Legrand
Reportage Pièce Mademoiselle Julie, mise en scène Julie Brochen avec Anna Mouglalis et Xavier Legrand

© Franck Beloncle

Informations pratiques

Auteur(s)
August Strindberg , traduction de Terje Sinding

Mise en scène
Julie Brochen

Avec
Anna Mouglalis, Xavier Legrand, Julie Brochen

Scénographie et costumes Lorenzo Alban
Lumières Louise Gibaud
Création sonore Fabrice Naud

Durée
1h30

Dates
Du Mardi 28 mai au Dimanche 30 juin 2019 (Relâches 21 et 25 juin)
19 h : du mardi au samedi
15 h : le dimanche

Adresse
Théâtre de l’Atelier
1, place Charles Dullin
75018 Paris

Informations complémentaires

Théâtre de l’Atelier
www.theatre-atelier.com