« MALOU HIBISCUS FLAMANT. PARLONS DES TSAF » de Sabine Tamisier, Une pièce passionnante qui évoque adroitement un problème un peu méconnu mais bien réel

Malou Hibiscus Flamant. Parlons des TSAF de Sabine Tamisier aux Éditions Théâtrales Jeunesse

TSAF, un acronyme pour ainsi dire inconnu et qui signifie Troubles du spectre de l’alcoolisation fœtale. Ou pour parler d’une manière moins technique et plus imagée : Si maman boit pendant la grossesse, c’est bébé qui trinque.

Malou a quinze ans. Elle ne fait pas son âge : maigre, petite, elle a un retard de développement. Intellectuellement, ce n’est pas mieux : elle embrouille tout dans sa pauvre tête de microcéphale, cela la met en colère depuis toujours, la rend violente, souvent, particulièrement à l’égard de sa mère. Je suis pas finie, carrément pas… Parfois, souvent, j’ai envie de me foutre à la poubelle.

Malou raconte donc sa pauvre vie de mal foutue. Dès l’âge de deux ans, tout allait de travers : incapable de marcher de parler vraiment ; et ça ne s’est pas arrangé quand il a fallu aller à l’école… Marie, sa mère, n’est pas chaude pour la présenter à un psy, c’est qu’elle a passé le premier mois de sa grossesse à faire la bringue en Camargue – ignorant qu’elle était enceinte. Et quand elle l’a su, le piège alcoolique s’était refermé sur elle : elle ne pouvait plus s’arrêter. La pédiatre explique que Malou (Hibiscus Flamant à cause de la Camargue) est et sera handicapée. Pas de guérison possible, mais on peut aider les parents à prendre en charge une telle enfant. Perspective navrante. Pendant des années, les parents ne feront rien et Marie s’enfoncera plus encore dans l’alcoolisme.
Malou raconte ses souffrances de pas finie, de gogole, de passoire condamnée au piquet perpétuel. Malou raconte sa haine envers sa mère quand, enfin, on lui explique la raison de son état. Une haine d’iceberg froide et tranchante et qui pousse Marie si loin qu’un jour il faut l’hospitaliser…

À partir de ce moment, il s’agira de deux choses : accepter le handicap et pardonner à sa mère. Ça ne sera pas facile. J’avais une pierre à la place du cœur, un iceberg qui voulait pas fondre, dit-elle. Mais peut-on vivre sans sa mère jusqu’à la fin de ses jours ? Malou gamberge, Malou se souvient de sa mère, Malou mûrit. Il lui manque une case, il lui manque des centimètres et des kilos, mais elle n’a jamais manqué d’amour.
Les regrets, la honte, au placard. Il me faut un avenir.

Trouver sa voie et vivre, tout simplement, comme on est, avec ses tares et ses qualités, avec l’amour qu’on reçoit et celui que l’on donne. Faire du théâtre, qui sait ?

La pièce est suivie d’un dossier pédagogique fort bien fait destiné aux enfants et aux adultes qui les accompagnent. Les uns et les autres y apprendront bien des choses. Ce sujet, on a tendance, comme les parents de Malou, à le cacher parce qu’on ignore que l’alcoolisme est une maladie et non un manque de volonté.

Informations pratiques

Auteur(s)
Sabine Tamisier

Prix
9 euros

Éditions Théâtrales
http://www.editionstheatrales.fr