Article de Richard Magaldi-Trichet
Le danseur et son double…
Harnaché dans une combinaison reliée à des fils tendus, Ali Moni fait face à une marionnette de plaques métalliques mise en mouvement par un dispositif mécanique ingénieux. Dans un magnifique ballet spéculaire, chacun va évoluer face à l’autre, mais très rapidement on ne saura plus très bien qui tire les ficelles. Un drôle de dialogue s’installe alors, chacun devient l’ombre de l’autre dans cette mise en abyme étourdissante.
© Alain Scherer
On peut traduire le titre de ce solo, proverbe populaire iranien, par « c’est par Rostam que j’hérite de ma gloire ». Convoquant la figure de Rostam, un héros de la mythologie perse appartenant à la légende épique du Shâhnâmeh, ce proverbe est employé pour dénoncer l’usurpation qui peut être faite d’un succès.
Ali Moini a déjà mis, dans My Paradoxal Knives, des lames en mouvement, et dans Lives, par un système d’aimants, il se plaçait au centre d’une série d’élastiques parallèles qui traversaient la scène.
© Alain Scherer
Ici il habille son pantin de tissus rouges comme des lambeaux de chair, et comme Geppetto s’agenouille devant son Pinocchio. On devine la conversation qui s’ensuit et tous les sentiments qui l’animent : colère, affection, fidélité…Ali Moni est un ventriloque du geste, et nous gardons pour sa créature les yeux des enfants devant un castelet, nous ne voyons plus qu’elle et oublions les fils qui la font vivre.
Man Anam ke rostam Bovad Pahlavan
conception et interprétation Ali Moni
Installation sonore Sarah Shamloo et Nima Aghiani
Scénographie Julien Peissel et Ali Moni
Lumières Stéfane Perraud
les 22 et 23 novembre 2016
dans le cadre de New Settings#6 de la Fondation d’entreprise Hermès
Théâtre de la Cité Internationale
17 Boulevard Jourdan
75014 Paris