Mary Said What She Said © Julie Jansch
L’Américain Robert Wilson retrouve sa muse Isabelle Huppert pour une création mondiale au théâtre de la Ville. C’est la quatrième fois qu’il la met en scène, après notamment le monologue – comme ici dans Mary said what she said – Orlando de Virginia Woolf.
La comédienne apparaît sur scène telle la danseuse d’une boîte à musique, tournant sur elle-même et sur la musique – un peu trop forte en première partie – du compositeur italien Ludovico Einaudi.
La scène, dépouillée de tout décor, soutenue par un mur de lumière surexposé et avec un plateau en pente, laisse le champ libre à Isabelle Huppert.
La voilà partie pour un monologue de 86 paragraphes, divisé en 3 parties, sur la vie de Marie Stuart, reine d’Écosse (1542-1587). Celle-ci vient d’être condamnée à être exécutée à la hache par sa cousine, la reine d’Angleterre, Elisabeth 1er, après 18 années d’enfermement. Il est l’heure pour Marie de se remémorer sa vie et clamer les passions qui l’ont guidées.
Marie Stuart a été une jeune et brève reine de France, épouse de François II. Le décès précoce de celui-ci et l’animosité de Catherine de Médicis la contraignent à rentrer dans son royaume d’Écosse qu’elle n’aime pas. Les Lords veulent qu’elle se convertisse au protestantisme. Marie, elle, veut régner en reine catholique. Dévorée à plusieurs reprises par la passion amoureuse, la reine d’Angleterre traquera tous ces écarts, animée par le désir de conquérir la couronne d’Écosse. Elle finira par y parvenir, façonnant ainsi l’avenir de cette région jusqu’à aujourd’hui.
Isabelle Huppert, une nouvelle fois, réalise une performance scénique avec une maîtrise des déplacements et du regard implacable. On regrettera un débit de parole parfois difficilement compréhensible. L’amplification de la voix avec un micro dénature un peu le timbre exceptionnel de la comédienne.
La fin du monologue est plus apaisée et la parole plus distincte pour exprimer notamment la souffrance d’une mère séparée très tôt de son fils.
Le spectateur qui ne connaît pas la vie de Marie Stuart aura parfois du mal à ne pas perdre le fil dans un texte peu soucieux de documenter précisément le récit, rythmé par la répétition de certains passages, tels des refrains. L’auteur américain, Darryl Pinckney, a été largement influencé dans l’écriture de ce texte par la biographie de Stefan Zweig sur la reine d’Écosse. On aura très envie de se plonger dans la lecture de l’écrivain autrichien à la fin de la pièce pour recoller les pièces du puzzle de ce destin tragique.
Mary Said What She Said © Julie Jansch
Informations pratiques
Texte
Darryl Pinckney
Mise en scène
Robert Wilson
Avec
Isabelle Huppert
Musique
Ludovico Einaudi
Dates
Du 22 mai au 6 juillet 2019, puis en tournée européenne et au théâtre des Célestins à Lyon du 30 octobre au 3 novembre 2019
Durée
1h30
Adresse
Théâtre de la Ville – Espace Pierre Cardin
1, Avenue Gabriel
75008 Paris
Informations complémentaires
www.theatredelaville-paris.com