« MÈRE », le souvenir d’un exil douloureux mais salvateur

Mère, mise en scène Wajdi Mouawad © Tuong-Vi Nguyen

Mère est une fiction créée à partir d’éléments autobiographiques de la vie de Wajdi Mouawad. Il y raconte ses années dans l’appartement parisien familial où sont venus se réfugier sa sœur, son frère et sa mère lors de la guerre civile libanaise. Son père est resté au Liban pour le travail. L’inquiétude et le désir de rentrer au pays deviennent de plus en plus fort.

Le metteur en scène ouvre la pièce pour disparaître aussitôt laissant la place à un garçon de 10 ans, lui plus jeune.
La cuisine est l’élément central de la pièce, la mère et la sœur sont toujours affairées à préparer les plats traditionnels libanais et les odeurs viennent enivrer le public.

Les lignes de téléphone coupées, le rendez-vous quotidien devant le journal du soir pour suivre l’actualité de la guerre, les appels téléphoniques avec la famille éclatée aux quatre coins du globe sont autant de faits marquant la jeunesse du garçon.

Le lien maternel est affecté par l’Histoire. Il assiste, sans aucun pouvoir, à la destruction de l’âme de sa mère rongée par la colère, l’angoisse de ne pas revoir son mari et le désir de rentrer chez eux. Comment grandir dans ce contexte d’exil et sans gestes d’affection de la part de sa mère ?

Wajdi Mouawad apparaît ponctuellement sur scène pour aider dans la mise en place du décor. Il joue aussi son propre rôle adulte et notamment dans une scène poignante où il vient rendre visite à sa mère et faire une ellipse dans la pièce.
En venant s’adresser au public et au personnage de sa mère, il vient aussi convoquer l’esprit de sa mère décédée lorsqu’il avait 21 ans et lui parle alors sans langue de bois. Le public reçoit ce message comme un aveu cher au cœur de l’acteur lorsqu’il avoue que cette guerre et les blessures de son enfance sont les éléments sur lesquels repose sa réussite au théâtre et font sa vie maintenant.

Le bruit des bombes, la sonnerie du téléphone, les chants libanais viennent rythmer la pièce. Celle-ci n’en reste pas moins drôle. Le personnage de la mère est touchant, le public s’y attache comprenant la force qu’elle essaie de manifester pour garder sa famille à flot et la rassurer. Elle n’hésite pas à crier sur la présentatrice Christine Ockrent qui joue son propre rôle ou encore à s’esclaffer en chantant du Pierre Bachelet.

Le texte en libanais est surtitré ce qui ne rend pas gênant la compréhension du texte.
Un beau moment de poésie mêlant savamment tragique et comique. La douleur reste palpable mais sa transformation en force guerrière n’en fait qu’un épisode plus fort.

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Mère, mise en scène Wajdi Mouawad © Tuong-Vi Nguyen

Informations pratiques

MÈRE – Création novembre 2021

Auteur(s)
Wajdi Mouawad

Mise en scène
Wajdi Mouawad

Avec
Odette Makhlouf, Wajdi Mouawad, Christine Ockrent, Aïda Sabra en alternance Dany Aridi,
Elie Bou Saba, Loucas Ibrahim et les voix de Valérie Nègre, Philippe Rochot, Yuriy Zavalnyouk
Dramaturgie et conception surtitrage Charlotte Farcet
Scénographie Emmanuel Clolus
Costumes Emmanuelle Thomas
Lumières Éric Champoux
Coiffures Cécile Kretschmar
Son Michel Maurer et Bernard Vallèry
Musiques Bertrand Cantat en collaboration avec Bernard Vallèry
Traduction du texte en libanais Odette Makhlouf et Aïda Sabra
Suivi de texte et surtitrage Sarah Mahfouz
Préparation et régie surtitres Katharina Bader
Construction du décor atelier de La Colline – théâtre national
Production La Colline – théâtre national

Dates
Du 10 mai au 4 juin 2023 au Grand Théâtre La Colline
du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30
spectacle en français et en libanais surtitré en français

Durée
2h10

Adresse
La Colline – théâtre national
15, Rue Malte-Brun
75020 Paris

Informations complémentaires

La Colline – théâtre national
www.colline.fr