[Mimos OFF] "Une invitation au voyage" De l'engagement, de la poésie et du mime passionnément !

En parallèle du IN, le MIMOS OFF anime les rues et les jardins de Périgueux pendant une semaine. Cette 36^ème édition du Festival international des Arts du Mime et du Geste accueille une vingtaine de jeunes compagnies sélectionnées par un jury de professionnels, présidé par Luis Torreao. Ce sont plus de 130 représentations avec des créations 2018 en accès libre devant un public fidèle, exigeant et de nombreux touristes. C’est une vitrine de la créativité qui montre l’engouement pour un art contemporain qui garde une identité forte, basé sur une dramaturgie corporelle : théâtre gestuel, mime, théâtre physique, marionnette… En fin de festival, le public élit les compagnies lauréates des prix du OFF (deux prix) et un prix est décerné par le jury. De l’humour, de l’engagement, de propositions insolites et novatrices, de quoi satisfaire petits et grands !

Des voyages en terre inconnue : Bagages en main, une famille cosmopolite tente de fuir la guerre et se retrouve à la frontière, face à une rivière sans pont. Sur l’autre rive, des gardes armés à l’affût. La grand-mère taïwanaise et son fils Turc, la femme enceinte britannique, le mari norvégien et le poupon suédois n’ont pas grand chose, pourtant ils redoublent d’énergie, de ruses et d’efforts pour trouver ensemble la voie de la liberté ! Une belle équipée de clowns-bouffons parlant leurs Gromlo respectifs. «Traverser la rivière sous la pluie» est une création drôle et triste à la fois du Collectif 2222, mise en scène par Thylda Barès. Une lutte vitale et intemporelle, des victimes sans pathos mais pleines d’espoir. À la dramaturgie forte du théâtre physique, s’ajoute une bonne dose d’humour sur ce sujet d’actualité. Ce spectacle empli d’humanité remporte le 1^er prix du Public du MIMOS OFF.

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«Traverser la rivière sous la pluie» – Collectif 2222 / «Baggag» – Cie Mareike Franz
«La place de l’étranger-e» – Cie Eléonore Aboutaoufik
© Francis Aviet

Sur la même thématique de l’exil, deux propositions engagées et poétiques : «La place de l’étranger-e» évoque un périple où la rencontre est au bout du voyage. L’homme sous les traits d’une marionnette nous touche par son regard pénétrant et sa sensibilité à l’égard du monde qui l’entoure. Il tremble à l’idée de la rencontre. Mais ce qu’il aime par dessus tout, c’est regarder s’envoler les oiseaux. En secret, il rêve d’être un oiseau. Libre. À travers cette quête librement inspirée du «Cantique des oiseaux», un recueil de poèmes médiévaux de Farid Od-dîn Attâr, la Cie Eléonore Aboutaoufik nous invite à oublier tous nos repères. Se lancer dans l’inconnu. Se perdre… pour pouvoir enfin prendre notre envol avec ce personnage plein d’humilité.
«Rojo» avec la lumineuse Mireia Miracle qui semble traverser le temps avec sa tenue vermillon et ses grosses valises poussiéreuses. Le public complice agite des petits mouchoirs blancs au moment des adieux et c’est avec émotions qu’il suit le périple en terre inconnue de ce clown malicieux et déterminé. Le passage du fameux check point est stratégique, il confronte à l’inconnu, à l’autre et à l’espérance de jours de meilleurs. Danse, humour gestuel, mime, ce spectacle interprété avec tendresse dénonce les situations absurdes et appelle à la fraternité et à la paix. Un moment suspendu où les images défilent et où chacun a un rôle à jouer !

Des voyages imaginaires : «Roswitha in soffitta» du Collectif Supplement Subtile nous entraîne dans un monde onirique avec des valises aux pouvoirs étranges. Chacune d’elle s’ouvre à un voyage, Roswitha plonge dans ses souvenirs, porte un regard sur elle-même. Petit à petit, elle laisse son passé (et ses valises) pour envisager l’avenir. Selma Roth interprète avec justesse et sensibilité ce conte poétique, accompagnée d’une douce mélodie.
Avec sa petite valise bleue, la danseuse allemande Mareike Franz explore les situations d’attente sur un quai. L’accessoire complice accompagne ce mime humoristique dans la narration et construit des instantanés de vie dans un univers onirique. Le spectacle «Baggag» touche par sa légèreté, sa simplicité et ne manquera pas de vous faire rire.
« Laia et le vol de l’imagination » est un spectacle muet de marionnettes joué par la marionnettiste brésilienne Júlia Barnabé et sa marionnette en bois aux yeux articulés, Laia. La fillette rêveuse nous présente le monde fantastique de ses jouets et nous invite à s’évader à travers son imagination débordante. Les oiseaux la fascinent et sous son pinceau les paysages semblent lui donner des ailes vers d’étonnants voyages. Cette création de la Cia Tu Maxeira Marionetes discute de l’hybridation entre le rêve et la réalité dans le monde d’un enfant et de l’amour parental.

«Rojo» – Cie Mireia Miracle /
«Roswitha in soffitta» – Collectif Supplement Subtile
© Alexis Lang

Des corps en mouvement : «Hybrides», création 2017 s’attaque en mouvement à l’identité de corps et trouble aussi notre sensation du réel. Qu’est-ce qui fait chuter un corps ? Comment se relève-t-il ? C’est la rencontre étonnante de deux corps féminins en apparence identiques (l’un vivant, l’autre inerte). Le jeu de miroir est saisissant d’autant plus que la comédienne Carine Gualdaroni s’engage en mouvement et se met au service du corps marionnettique. À l’échelle humaine, l’analyse s’affine lentement : confrontation physique avec soi-même (contraintes et libération), image de la féminité et de ce qui fait corps. Soumis à la gravité, les déplacements dans l’espace sont accompagnés de la musique jouée en direct. Cette forme courte est inspirée du travail de corps à corps développé par la Compagnie Juste Après dans la création «Mue» qui se jouera du 14 au 18 novembre au théâtre Dunois.
«À force de», partition théâtrale dont le seul langage est le mouvement se déroule en quatre actes représentés par quatre éléments. Ils sont chaque étape d’une relation amoureuse du début à la fin. La metteure en scène Marie Lauricella rassemble avec la force corporelle, des acteurs de différents pays. Ces frères et soeurs inconnus sont habités par le même drame passionnant. À partir de quel moment mettons-nous des masques ? Sommes-nous le même avec eux ? Les masques racontent un bout de vie, des choix à faire, un désir qui monte… une épopée intérieure. Cette nouvelle création est interprétée avec brio par six jeunes acteurs du Théâtre du Peuple Lié.

«Hybrides» © Francis Aviet

Des manipulations insolites : Avec sa porte sous le bras, Pere Hosta mène le public dans une aventure inédite au coeur de la ville. L’artiste espagnol laisse libre court à son imagination, saisit les opportunités que lui offrent les situations et les gens sur son passage. Dans «Open door», Sophie Borthwick met en scène un personnage excentrique qui cherche sa place avec une furieuse nécessité. Une fois la porte posée, il guide les badauds dans un espace redessiné. Petits et grands deviennent acteurs le temps d’un ou plusieurs claquements de portes. Intrigues, jeux, les tableaux se créent et se défont très vite avec toujours une part d’imprévu. Audacieux et inventif, l’artiste joue de multiples rôles avec une grande générosité et offre des moments cocasses, jouissifs et bien rythmés. Il nous invite à pousser la porte et voir ce qui nous entoure sous un autre angle dans cette déambulation bourrée d’humour.

«Suspendu par un fil» – Cie Di Filippo Marionette /
«Open door» – Cie Pere Hosta / «Welcome ! (Or not)» – Cie Tout Par Terre
© Francis Aviet

«Welcome ! (or not…)» Un comptoir, un barman et son unique client. Ce sont les ingrédients de ce cocktail de jonglerie de comptoir proposé par la Cie Tout Par Terre. Le bar devient le théâtre d’une journée surréaliste : les balayettes s’envolent, les bouteilles se croisent, les verres chantent… Jongleurs fous, acrobates ou rock-stars, les deux comédiens manipulent les objets du quotidien avec une dextérité déconcertante et créent un univers de jonglerie musicale insolite et théâtrale. Tout est prétexte à la manipulation d’objets et le rythme s’accélère jusqu’au final explosif… La bande son accompagne à merveille ce spectacle muet. À consommer sans modération !
«Incognito», deux caisses en bois d’où sortent deux clowns facétieux sans le sou, ils sont là incognitos. Pour échapper à la monotonie du monde, ils s’amusent avec des vieilles boîtes, quelques bouts de ficelle ou quelques gamins à proximité et le public bien sûr. Ils se moquent de l’autorité et des convenances. Alice Wood et Romain Ozenne interprètent des personnages décalés, attachants par leur maladresse dans un univers original, teinté d’humour et poésie. Un ballet maîtrisé et inventif de la Cie Magik Fabrik avec de belles manipulations d’objets qui captive les spectateurs.

Des femmes déterminées : Maria Cadenas joue un personnage ambitieux prêt à tout pour gagner le concours en cuisine, et qui n’a pas peur de prendre des claques du destin. Un combat de longue haleine mais pas d’inquiétude cette femme extra et ordinaire a sa recette pour se tirer d’affaire «Tout ira bien». Dans un décor truffé d’artifices de Romain Thomas, cette séduisante ménagère résiste et nous sert un théâtre burlesque et gestuel divertissant. Une première en rue de la création mijotée par la Cie Dé-Chaînée.
«Hoopelaï», création originale d’Andréanne Thiboutot où elle interprète une pétillante dame en quête du grand Amour. En faisant tourner ses hula hoops de manière étourdissante, elle use de son charme pour attirer les spectateurs dans un univers de prouesses avec une touchante simplicité. Pris entre les cerceaux, l’homme convoité devra être à la hauteur, l’assister et fera face à des concurrents choisis dans la foule. Sauront-ils être aussi démonstratifs que la grande dame ? La maîtrise du hula hoop est un art dont la belle a le secret. Une comédie romantique qui réchauffe le coeur et ravit le public.

Informations pratiques

FESTIVAL MIMOS – 36^ème édition

Dates
Du 23 au 28 juillet 2018