« NAGASAKI », Une ombre au logis

Nagasaki, mise en scène Olivier Cruveiller & Barthélémy Fortier © DR

Un homme se demande s’il n’est pas fou. Depuis quelque temps, il ressent comme une présence dans sa maison. Il se met en quête de savoir s’il est fou ou s’il y a bien une présence chez lui. Est-ce l’ombre de la solitude qui lui tient compagnie ? La solitude peut-elle rendre fou ? Quelle est l’ombre qui habite cette solitude ?

La scène se découvre à nous, plongée dans l’ombre. Les objets, du mobilier japonais, sont disposés symétriquement de chaque côté. Une disposition qui dès l’entrée dans la salle questionne. La pièce est-elle le reflet de deux mondes parallèles qui vont évoluer devant nous ou est-ce que cette disposition est là pour créer un effet miroir ? Trône en avant-scène une paire de Zori.

Un homme entre sur scène, chausse ses Zori et nous parle. C’est Monsieur Shimura, il parle comme s’il se parlait à lui-même, en un jour ordinaire. Il nous fait part de ses doutes, soupçons. Il a la certitude d’une présence chez lui mais il n’a pas la preuve. Il ne peut pas se rendre à la police sans preuve. Il décide de mener son enquête. Il nous confesse les pièges qu’il a mis en place pour débusquer cette présence. Car il en est sûr, quelqu’un se sert dans son frigidaire. Il construit une règle graduée pour mesurer le liquide dans sa bouteille de jus de fruits. Le niveau de la bouteille est plus bas le soir quand il rentre. Ses soupçons sont avérés, ce qui le hantait se confirme. Il décide alors de savoir qui habite ainsi chez lui et installe une caméra dans sa cuisine. À son travail, il surveille ce petit carré en bas de son écran, quand une présence, celle d’une femme apparaît. Il en a désormais la preuve. Il n’est donc pas fou. Comment a-t-il pu vivre ainsi chez lui, sans se rendre compte qu’une autre personne y vivait, comme à ses côtés ! Qui a pénétré dans son intimité ? Qui a côtoyé son intimité à son insu ?

Muni de cette preuve, il se rend à la police, pour déposer plainte. La femme est arrêtée et nous découvrons qu’il s’agit d’une sans logis, qui a élu domicile dans le placard à futon de la chambre d’amis de son domicile. Cette femme sera condamnée et conduite en prison. De la prison, elle explique comment elle s’est introduite au domicile de cet homme et comment elle y vivait. À la sortie de prison, elle décide d’aller tout raconter à Monsieur Shimura. Il n’habite plus sa maison qui est en vente. Elle part à sa recherche désireuse de tout lui expliquer. Cette femme apparaît comme le personnage principal de l’intrigue, avec son double jeune, celle qui permet de dérouler les fils entrecroisés du passé et de ce qui attache au passé, à cette ville de Nagasaki

Le jeu de scène est épuré, le mobilier japonais, notamment les paravents servent aux différentes situations de la pièce. La pièce comme deux monologues, deux confessions parallèles. Nous découvrons cette femme sur un des paravents grâce à la webcam, comme un fantôme de Nagasaki. La musique de Laurent Valéro au bandonéon, au violon et au basson accompagne les émotions des personnages.

Éric Faye s’est inspiré d’un fait divers, en 2008 au Japon : « un homme découvre qu’une femme vivait à son insu dans sa maison et dormait dans un placard depuis une année. » et la mise en scène reprend cette intimité cachée, non dévoilée.

Une pièce qui touche et marque et amène à se questionner sur le sens de l’existence.

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Nagasaki, mise en scène Olivier Cruveiller & Barthélémy Fortier © DR

Informations pratiques

NAGASAKI

Auteur(s)
Olivier Cruveiller
Adaptation du roman d’Éric Faye, couronné par le grand prix de l’Académie Française en 2010

Mise en scène
Olivier Cruveiller & Barthélémy Fortier

Avec
Natalie Akoun, Olivier Cruveiller, Nina Cruveiller, Laurent Valero
Lumières Nino Valette
Musique Laurent Valéro
Production Cie Les Madones & Cie Ce soir-là c’était la neige

Dates
Du 23 mars au 8 avril 2023 au 1|0|0 Établissement Culturel solidaire à Paris

Durée
1h30

Adresse
1|0|0 Établissement Culturel solidaire
100, rue de Charenton
75012 Paris

Informations complémentaires

1|0|0 Établissement Culturel solidaire
100ecs.fr/nagasaki