Nasreddine, mise en scène Aurélie Mest © Laure Nathan
Nasreddine, trésor du patrimoine arabe, a fait l’objet du choix de quelques-unes de ses histoires par la compagnie « Viens voir en face ». Dans un langage à la croisée des arts de la parole et de la marionnette contemporaine, la compagnie développe sa propre écriture visuelle avec le masque porté choisi sur un présentoir par les marionnettistes-narrateurs vêtus de noir. Nasreddine, est le personnage qui peut se permettre de tout dire parce qu’on ne le prend pas au sérieux. Sous le masque de l’ânerie, il peut contester l’ordre établi, la tyrannie et la bêtise. Xavier Depoix et Aurélie Mest nous convient de l’autre côté du miroir de Nasreddine pour un voyage sans queue, ni tête mais avec du bon sens. Jalonné d’éclats de bonheur et de liberté, ce périple fait le bonheur des petits et des grands.
La marionnette n’est pas un élément indépendant tiré par des fils ou pris en main derrière un castelet. Elle fait partie intégrante du corps humain qui l’intègre partiellement d’ailleurs. Avec un masque et une partie du corps de celui qui manipule, sont convoquées des créatures hybrides et morcelées très expressives, y compris avec les extrémités que représentent les pieds et les mains. Outre le fait d’appartenir à la marionnette contemporaine corporelle, la compagnie « Viens voir en face » adopte une approche particulière.
Ainsi, les objets contiennent leur importance en tant qu’objet accessoire, objet illustratif, objet symbolique. L’objet n’est pas compartimenté dans une fonction. Par l’imagination et la symbolique, il en a plusieurs. Par exemple, ce théâtre des objets dégage une infinie poésie lorsque le turban du sultan se déroule en fleuve.
La compagnie vise la double-entrée du conte, dans son ancrage culturel et sa portée universelle au-delà des continents. L’équipe artistique élabore le choix judicieux d’identifier quelques marqueurs culturels (turban, babouche, cérémonie du thé) et de se les approprier avec son propre langage. Du récit brut, nous ressortons avec une version illustrant à merveille le symbolique.
Le spectacle s’adressant à de jeunes spectateurs à partir de 6 ans, les narrateurs prennent soin d’être compris en interagissant avec ce jeune public qu’ils questionnent quant au sens de « sultan » par exemple. Même si tous les mots ne sont pas expliqués, le vocabulaire peut être recherché : le joli mot « chafouin » permet aux enfants d’en être imprégné. À la sortie, certains se sont exprimés sur ce qu’ils avaient préféré : l’histoire de l’âne sur le qu’en-dira-t-on, le clou sur la stratégie commerciale apparemment innocente de Nasreddine, les onze ânes pas toujours compris dans le fait que Nasreddine en représentait un dans le compte/conte.
Sur le plan sonore, aucun enregistrement n’est effectué : seuls la vocalisation rythmique, les bruitages, les sons d’ambiance se font entendre sur le plateau en rapport avec la percussion corporelle que le spectateur est invité à reproduire. Olivier Lerat est le percussionniste qui a « chorégraphié » ces intermèdes sonores.
Metteuse en scène et interprète formée au théâtre classique, Aurélie Mest porte des projets de « Viens voir en face » participatifs, en particulier dans le milieu du handicap. Approchant les arts de la marionnette en 2014, elle développe la démarche du « masque porté » employée dans Nasreddine spectacle diffusé depuis le 27 février 2020 (43 représentations) avec le festival Off Avignon 2022.
Depuis presque 9 ans, Xavier Depoix, interprète, se joint à la compagnie « Viens voir en face ». Transformiste, force de proposition, il collabore régulièrement avec d’autres compagnies où il manipule aussi bien les marionnettes que les ombres.
Seine-et-Marnaise, la compagnie « Viens voir en face », s’inscrit dans un théâtre ouvert, citoyen, partagé. Emmenée par Aurélie Mest, elle s’ouvre sur le monde en déployant une esthétique pluridisciplinaire par le biais d’allers-retours entre les lieux de création et les lieux de vie tels que les foyers médico-sociaux ou les structures éducatives. Le spectacle est polymorphe puisqu’il peut se dérouler en salle, en rue, in situ dans les établissements scolaires ou les maisons de retraite.
Nasreddine, mise en scène Aurélie Mest © Laure Nathan
Informations pratiques
NASREDDINE – Compagnie « Viens voir en face »
Auteur
Texte inspiré de la tradition orale du Moyen-Orient
Mise en scène
Aurélie Mest
Interprétation
Aurélie Mest et Xavier Depoix
Dates
Du 8 avril au 24 juin 2023, les samedis à 17h30, relâche le 3 juin
Supplémentaires : week-end de Pâques 9, 10 avril à 16h
Vacances de printemps 25 et 27 avril, 2 et 4 mai 2023 à 16h
Durée
50 mn
Adresse
L’Essaïon Théâtre
6, rue Pierre Au Lard
75004 Paris
Informations complémentaires
L’Essaïon Théâtre
www.essaion-theatre.com
Compagnie « Viens voir en face »
viensvoirenface.com