« NATURE MORTE DANS UN FOSSÉ » de Fausto Paravidino aux éditions L’Arche Éditeur

NATURE MORTE DANS UN FOSSÉ (Natura morta in un fosso) de Fausto Paravidino aux éditions L’Arche Éditeur. Traduit par Pietro Pizzuti.

Il existe un grand nombre de films policiers, la série policière se porte bien, le roman noir également. La pièce policière est en revanche un produit rare. C’est ce à quoi s’attaque celle-ci, avec, bien sûr, des spécificités.

Le point de départ, le cadavre nu d’une jeune fille trouvé dans un fossé, un samedi soir, par un jeune homme sortant d’un bar; un peu blasé, un peu chargé en alcool et pas seulement…
Peu de personnages : le « boy » en question, un « cop » et ses collègues, la « Mother » de la morte, un mauvais garçon dit « Pusher », « Bitch », une jeune réfugiée qui espérait faire de la musique librement en Italie et qui se retrouve sur le trottoir, et « Boyfriend », le petit ami de la morte.

La forme est assez originale : plutôt qu’à des dialogues, on a affaire ici à une suite de monologues. Chacun racontant un moment de ce maudit samedi soir, ainsi que ce qu’il fait au jour le jour. Le petit dealer, aux abois, cherche de l’argent pour contenter ses fournisseurs milanais; le commissaire voudrait avoir quelque chose de tangible avant le journal télévisé du soir, le Boyfriend harcelé par Pusher, voudrait éviter d’être accusé de meurtre, tandis que la mère, meurtrie, constate le délitement de son couple… les interactions sont donc à la fois des classiques du genre et exprimées de façon autonome par chacun des personnages.
Et il faut bien au moins un raté: le « Cop » surmené se retrouve à l’hôpital, ce qui permet à son second, un imbécile fini, de se mettre en valeur et faire exactement ce que son chef voulait éviter… silence des indics et parade du ministre.
Le dénouement survient grâce à la pute sympa, victime de passeurs sans scrupules. Et il sera inattendu, le dénouement. Inattendu et tragique.

La langue est surtout celle de ces milieux banditisme / police, qui à force de se fréquenter finissent par s’exprimer de la même façon. Seule la mère a une langue un peu différente. C’est qu’elle n’est poursuivie ni par les malfrats, ni par les flics, (qu’elle hait par ailleurs) en proie à la mélancolie depuis pas mal de temps, elle plonge dans la chagrin, digne et lucide. Je le regarde conduire, je regarde son visage et son costume ligné, éclairés par les premières lueurs de l’aube… et plus loin : c’est un discours stupide, stupide et sentimental, on se croirait dans un téléfilm…

Mais, bien sûr, celle qui ne parle vraiment pas comme tout le monde, c’est Bitch, la réfugiée. Policier demande aussi à moi si je connais une jeune fille d’une photo qu’il montre, mais moi, je ne peux pas parler avec police…

Imaginer une mise en scène est difficile, à cause des longs monologues, même si ceux-ci sont tendus et réalistes. Comment éviter le statisme, le déclaratif face public ? Les metteurs en scène ne manquent pas de l’imagination nécessaire pour mettre en valeur les qualités de cette pièce.

Informations pratiques

Auteur(s)
Fausto Paravidino

Prix
11 euros

L’Arche Éditeur
www.arche-editeur.com