"NÉMÉSIS" d’après le roman de Philippe Roth, une mise en scène détonante par Tiphaine Raffier

Némésis, mise en scène Tiphaine Raffier © Simon Gosselin

Némésis est une pièce mise en scène par Tiphaine Raffier d’après le roman de Philippe Roth.
Elle relate une épidémie de poliomyélite en 1944 aux États-Unis ciblant principalement les enfants. Cette épidémie n’a en réalité pas existé.
Le personnage central, Bucky Cantor aux allures de héros grec, est professeur de sport dans le quartier juif de Newark, se sentant impuissant de ne pouvoir aller combattre pour son pays en guerre à cause de sa vue défaillante. Très attaché à ses élèves, il ne veut pas les abandonner et tente à tout prix de rassurer, d’encourager, de soutenir les parents des défunts et de maintenir l’équilibre de la ville face à la propagation du virus.

La première partie de la pièce se déroule dans un clair-obscur plantant le décor des ruelles sombres de Newark et mettant en scène les enfants du quartier et les premières victimes de la maladie. Cet effet est renforcé par la présence des instrumentistes que le spectateur aperçoit derrière un rideau de fer en fond de scène. Ils participent à faire monter la tension au fur et à mesure que l’atmosphère devient pesante comme la maladie se propageant dans Newark.

Le thème de la pièce fait forcément écho au covid. Plusieurs thèmes reviennent comme la paranoïa face à l’origine du virus, la façon de réagir : faut-il se mettre à l’abri ou continuer de vivre normalement ? La religion prend aussi une place importante dans l’esprit de Bucky : comment Dieu peut-il permettre ce fléau ? Peut-on partir se mettre à l’abri sans craindre des remords par la suite ? La fuite est-elle une solution ?

Tiphaine Raffier nous offre des ruptures intenses surprenant tout du long l’œil du spectateur. La deuxième partie complètement distincte de la première s’ouvre avec une immense photographie de paysage de montagnes imprimée sur toile étendue sur tout le pourtour de l’immense scène et nous fait voyager jusque dans le Kentucky.
Des airs de comédie musicale dans cette espèce de paradis à l’écart de l’épidémie vient contrebalancer la gravité du premier acte.

On retrouve comme dans La réponse des hommes la caméra vidéo avec retransmission directe en arrière-plan de la scène, mais aussi des dispositifs scéniques tout à fait inattendus comme des acrobaties aériennes ou encore une barque venant fendre la scène en deux. La présence d’enfants sur la scène amène aussi de la fraîcheur et le spectateur est tenu en haleine tout au long de la pièce.

La troisième partie offre un beau moment entre le narrateur et Bucky alors plus âgé qui revient sur cette partie de sa vie et des conséquences sur ses décisions prises à l’époque. Encore tourmenté et culpabilisé, il pose encore certaines questions : a-t-il lui-même introduit le virus dans le village préservé ? Peut-il se pardonner puisqu’il a aussi contracté la maladie ?

Le spectateur ne peut qu’être embarqué par la mise en scène de Tiphaine Raffier. On ne voit pas passer les 2h45 de spectacle, l’attention étant suscitée à chaque moment que ce soit par les lumières, la musique, les chorégraphies … Un superbe moment !

Némésis, mise en scène Tiphaine Raffier © Simon Gosselin

Informations pratiques

NÉMÉSIS

Texte
Philippe Roth
Adaptation Tiphaine Raffier et Lucas Samain

Mise en scène
Tiphaine Raffier

Avec
Clara Bretheau, Eric Challier, Maxime Dambrin, Judith Derouin, Juliet Doucet,
François Godart, Alexandre Gonin, Maika Louakairim, Tom Menanteau,
Hélène Patarot, Edith Proust, Stuart Seide, Adrien Serre
et à les musicien·ne·s de l’ensemble Miroirs Etendus Clément Darlu, Emmanuel Jacquet,
Lucas Ounissi, Clémence Sarda, Claire Voisin
avec la participation du Choeur d’enfants du Conservatoire de Saint-Denis Suzanne, Anouchka, Félicie, Zoé, Gift, Blessing, Maïa, Jetro, Liyanie, Mahaut, Hajar, Martha, Hannah, Nouha, Zoé,
Maud, Paloma, Léonie, Alice, Maïa, Maë, Thaïs, Anna, Calie (en alternance)
Direction Erwan Picquet
Assistanat et dramaturgie Lucas Samain
Musique Guillaume Bachelé
Arrangements musicaux Pierre Marescaux et Clément Darlu
Scénographie Hélène Jourdan assistée d’Alice Girardet
Création lumières Kelig Le Bars
Création vidéo Pierre Martin Oriol
Création son Hugo Hamman
Chorégraphies collectives dirigées par Pep Garrigues
Costumes Caroline Tavernier
Couturière Valérie Simonneau
Perruques, maquillage Judith Scotto assistée d’Emmanuelle Flisseaut
Direction technique Olivier Floury
Suivi des représentations Thomas Cabel, Lucas Samain et Tiphaine Raffier
Coach de diction anglaise Sophie Decaudaveine
Coordination chœur d’enfants Victoria Molland
Création image panoramique Alexis Allemand
Régie plateau Marinette Jullien
Cadreur Raphaël Oriol
Régie maquillage, perruques Emmanuelle Flisseau ou Florence Louné
Stagiaires et apprenties Emma Chapon, Ilona Jacotot, Margaux Moulin et Chloé Sananikone