"NON C'EST PAS ÇA ! (TREPLEV VARIATIONS)" Une non-mouette très inspirée

Autour de ce qui semble être une tente commune d’un camping ou d’une maison de vacances, trois comédiens s’excusent de ne pas pouvoir présenter La Mouette, et proposent de nous jouer la première scène, histoire que personne ne soit venu pour rien.

Avec ce spectacle très librement inspiré de La Mouette d’Anton Tchekhov, le collectif le Grand Cerf Bleu nous invite à découvrir l’essence même d’une pièce déjà connue et reconnue. En imaginant des variations autour du personnage de Treplev, les trois comédiens-metteurs-en-scène choisissent de ne pas monter La Mouette de Tchekhov, et de nous le montrer. Ils entrainent le public dans leurs complexités et difficultés en tant que comédiens, pour finalement, de façon subtile et discrète, présenter une nouvelle version de la pièce. Si l’on imagine que le texte d’Anton Tchekhov propose deux visions de l’art théâtral, Non c’est pas ça ! (Treplev Variations) propose une interprétation du théâtre de Treplev de nos jours.

Dans un décor tout ce qu’il y a de moins Tchekhovien, on pénètre dans le monde et la vie de ces personnages, qui présentent de vagues airs subtils de Treplev, Nina et Trigorine, et d’Arkadina chez Coco Felgeirolles, dont la performance est à saluer. En rejetant l’idée de suivre à la lettre le texte d’origine, le collectif parvient à respecter réellement les intentions que l’on pourrait prêter à l’auteur lors de l’écriture de cette pièce, et fait ressortir sa vision de l’humain beaucoup plus clairement.

La musique au plateau, très bien gérée, et la naturalité du jeu des comédiens nous font oublier le côté spectaculaire, notamment lorsque ceux-ci brisent le 4e mur à plusieurs reprises. L’immersion est rapide et totale, et on suit les péripéties de ces personnages avec beaucoup plus d’intérêt que devant un drame classique. De plus, la scénographie qui les entoure parvient à être à la fois tout à fait familière, et très proche de ce qu’aurait pu imaginer Treplev lui-même. On plonge alors dans une mise en abyme d’une mise en abyme, qui paraît très réelle et complètement onirique. La première création du collectif le Grand Cerf Bleu, lauréat du Prix du public du festival Impatience 2016, est donc une réussite, alternant moment de sensibilité, d’humour et d’intensité dramatique, tout en faisant passer les idées d’un texte classique dans un climat contemporain. On rit, s’amuse, s’inquiète, bref on les suit vraiment.

Une bouffée d’air frais pour une pièce et un propos qui en avaient besoin !

Informations pratiques

Auteur(s)
Inspiré d’Anton Tchekhov, traduction de Marina Voznyuk