"LES OMBRES BLANCHES" Entre deux mondes, magie et fantômes se glissent dans la danse

La Biennale de la danse Grand Est s’est ouverte le 5 octobre au CCAM – Scène nationale de Vandoeuvre. Au programme de cette troisième édition : plus de cent rendez-vous dont une quinzaine de créations de compagnies nationales, régionales sur le territoire Grand Est et au Luxembourg. Deux mois dédiés à la danse contemporaine, accessible à un large public avec des rencontres, des projections, des conférences, des expositions… Au CCAM, la Compagnie Pernette convie petits et grands à un spectacle fantasmagorique. En préambule, une voix nous fait pénétrer dans un autre monde, une passerelle entre les vivants et le monde des morts, où spectres, fantômes et corps transparents glissent, s’entrechoquent et dansent avec légèreté et sans bruit. Pour découvrir ces créatures étonnantes et toutes leurs facettes, il faut rester attentif et ne pas les effrayer ! Une aventure sensorielle vous ouvre les portes de l’imaginaire avec la complicité du magicien Thierry Collet. Une belle entrée en matière dans la danse contemporaine pour le jeune public.

Dans la pénombre et la brume, deux corps longilignes apparaissent et investissent une demeure abandonnée. L’espace épuré se découvre à mesure, quelques objets et chaises épars. Les murs et les portes se devinent à peine, nous sommes dans l’univers des fantômes. Ces deux êtres semblent parfois flotter dans leurs déplacements et la finesse des tissus. L’engagement des corps en mouvement conduit la narration. La création Les ombres blanches de Nathalie Pernette magnifie ces créatures et invoque le surnaturel tout en douceur. Des métamorphoses, apparitions fumeuses, jeux d’ombres, la dramaturgie est portée par l’angoisse, un milieu instable où plane la mort, les souvenirs et des esprits facétieux. La magie, les lumières et la bande son viennent renforcer le mystère et les effets de surprise (feux follets, cliquetis, bruits sourds et chuchotements…). La maison serait-elle hantée ? L’artiste accentue l’histoire par d’étranges phénomènes, rien n’est laissé au hasard. La rencontre de l’Autre est inopinée, ensemble le ballet bruisse tendrement dans une succession de tableaux où l’on découvre des états de corps (danse de mains, de têtes, gisants…). Anita Mauro et Lucien Brabec sont calmes, inquiétants et drôles, ils n’hésitent pas à narguer le spectateur et jouer avec ses émotions. Une proposition originale de la Compagnie Pernette, devenue compagnie nationale cette année. Une expérience poétique et pleine d’humour à partager en famille, proposée dans le cadre de la Biennale de la Danse Grand Est qui se poursuit jusqu’au 5 décembre.