Oncle Vania, mise en scène Stéphane Braunschweig © Elizabeth Carrechio
C’est une production du Théâtre des Nations de Moscou que Stéphane Braunschweig propose sur la scène de l’Odéon pour faire vivre un Oncle Vania dans la langue de son auteur, Anton Tchekhov.
Le directeur de l’Odéon avait déjà mis en scène par trois fois l’auteur russe : La Cerisaie (1992), La Mouette (2001) et Les Trois Sœurs (2007). Il lui aura fallu du temps pour parvenir à aborder le texte d’Oncle Vania , qui requiert selon lui plus de maturité.
« Scène de vie à la campagne », sous-titre de l’oeuvre, est une description exacte du propos de la pièce : un professeur à la retraite vient s’installer dans le domaine forestier de la famille de sa défunte première épouse. Il débarque ainsi avec sa nouvelle jeune femme chez son beau-frère, Oncle Vania, qui consacre sa vie à l’exploitation des terres. Toute la maisonnée va s’adapter au rythme de ce couple, totalement oisif, qui vit la nuit et dors le jour. La jeune Helena va attirer les convoitises des hommes, notamment celles d’un autre personnage central qui rend visite régulièrement à ce petit monde : le médecin Astrov, sorte de militant écologiste avant l’heure. Astrov ne cesse de parler de sa préoccupation de préserver la forêt des destructions humaines et trouver des alternatives à l’usage du bois. La mise en avant de cette dimension écologique dans le texte est un véritable parti pris de Stéphane Braunschweig dans sa façon de présenter l’œuvre de Tchekhov. Les décors de forêts en fond de scène, qu’elles soient flamboyantes ou massacrées, en témoignent notamment.
La scénographie est résolument contemporaine, sans s’alourdir du folklore russe du XIXème siècle. Et le texte dans la langue d’origine permet comme le souligne le metteur en scène de « percevoir les personnages plus réellement (…), de les voir comme Tchekhov les voyait ».
La première partie installe une atmosphère oppressante, présentant la situation des protagonistes et annonce les orages sur ce plateau en bois et aux lumières grises et bleues. Chacun des personnages est un fardeau pour lui-même et pour les autres. La deuxième partie offre ses meilleures scènes. Celle par exemple, très forte et d’une belle complicité féminine, entre Sonia, la fille du professeur, et sa belle-mère. Les langues se délient, les vérités s’expriment enfin. Même les lumières se réchauffent. Oncle Vania et le professeur se métamorphosent en show men, micro à la main. La jeune Sonia apporte avec délicatesse le regard le plus réaliste sur la condition des hommes. Cette belle deuxième partie sait très vite faire oublier des premières séquences plus monotones.
Oncle Vania, mise en scène Stéphane Braunschweig © Elizabeth Carrechio
Informations pratiques
Auteur(s)
Anton Tchekhov
Mise en scène et scénographie
Stéphane Braunschweig
Avec
Anatoli Béliy, Elisaveta Boyarskaya en alternance avec Yulia Peresild,
Nina Gouliaéva (du 16 au 19) en alternance avec Irina Gordina (du 21 au 26), Dmitri Jouravlev, Nadejda Loumpova, Evguéni Mironov, Ludmila Trochina, Victor Verjbitski
Collaboration à la scénographie Alexandre de Dardel
Assistante à la mise en scène, surtitrages Olga Tararine
Lumières Marion Hewlett
Costumes Anna Hrustalyova
Production Théâtre des Nations – Moscou
Dates
Du 16 au 26 janvier 2020
du mardi au samedi 20h, le dimanche 15h
Représentations surtitrées en anglais les samedis.
Durée
2h30 (avec un entracte)
Adresse
Odéon Théâtre de l’Europe
Place de l’Odéon
75006 Paris
Informations pratiques