Un article de Marianne Griffon
Quel amour pour Orféo ?
Orfeo. Je suis mort en Arcadie, le nouveau spectacle mis en scène par Samuel Achache et Jeanne Candel, d’après Claudio Monteverdi, n’est pas l’opéra auquel on pourrait s’attendre. Il s’agit plutôt d’une réappropriation du mythe à travers l’opéra de Monteverdi, tel que l’équipe, d’acteurs-chanteurs et de musiciens de La Vie brève, le ressent, le perçoit et l’interprète. Nous y trouvons une majeure partie de l’œuvre, à laquelle se rajoutent d’autres fragments : des improvisations jazz entre la contre-basse et le violoncelle, des gestes comiques comme cette entrée fracassante de l’homme-cymbale qui s’étale par terre dans un tonnerre métallique, ou une fanfare au accents folkloriques…
© Jean-Louis Fernandez
A l’instar de Didon et Enée et de leur Crocodile trompeur, nous sommes baladés entre une alternance de chants, de dialogues décalés entre Cerbère et Charon, de digressions métaphysiques, …Nous ne sommes pas en reste sur les images cocasses : Eurydice, en robe de mariée suspendue à Orphée dans l’encadrure d’un velux de la verrière ; L’enfumage des ruches recréant les fumées toxiques de l’enfer …Nous retrouvons aussi l’univers scénographique foisonnant propre à l’équipe, créant des images avec des petits riens : un basculement sur le plan horizontal d’une scène à table ; la verrière peinte, représentant le chemin qui mène à l’Olympe dans la première partie du spectacle est nettoyée à l’éponge et devient le lieu des enfers ; des ruches et apiculteurs en lieu et place des moutons et bergers du mythe.
L’excellence et l’humour sont au premier plan chez les acteurs-chanteurs et musiciens. Nous ne pouvons que souligner la performance de Vladislav Galard en Pan, maladroit et puant sur ces guibolles, tentant vainement d’embrasser sa mère Calliope, qui orchestre le mariage à venir. Nous voguons donc entre les différentes péripéties de l’histoire d’Orphée, dans cette atmosphère joyeuse et musicale qui se moque de la mort, bien qu’elle en soit le moteur.
Un spectacle très bien ficelé, plein de trouvailles et d’ingéniosité technique.
Un spectacle-paysage où tout s’imbrique parfaitement.
Orfeo. Je suis mort en Arcadie
D’après L’Orfeo de Monteverdi
Mise en scène Samuel Achache et Jeanne Candel
Direction musicale Florent Hubert
Scénographie Lisa Navarro
Construction François Gauthier-Lafaye
Lumières Jérémie Papin
Costumes Pauline Kieffer
Chef de chant Nicolas Chesneau
Une composition théâtrale et musicale arrangée, écrite et jouée par :
Samuel Achache, Matthieu Bloch, Anne-Emmanuelle Davy, Vladislav Galard, Anne-Lise Heimburger, Florent Hubert, Clément Janinet, Olivier Laisney, Léo-Antonin Lutinier, Thibault Perriard, Jan Peters, Marion Sicre, Marie-Bénédicte Souquet et Lawrence Williams
Du 17 janvier au 5 février 2017
Théâtre des Bouffes du Nord
37 (bis), bd de La Chapelle
75010 Paris