"ORPHÉE APHONE" Qui ne dit mot, ne consent pas toujours

Révélé.e au festival d’Avignon avec son sujet à vif, Vanasay Khamphommala est un.e artiste singulier.e qui bouleverse, ou réanime, certains codes artistiques. Novatrices ou poussiéreuses, ces idées dévoilent un théâtre à la fois très novateur et franchement usé. Les Plateaux Sauvage accueille cet.te artiste queer, non-binaire, aux étiquettes aussi multiples que ses possibilités de métamorphose. Un.e artiste aux deux visages qui révèle un profil moderne à l’humour corrosif, et un autre profil ridé, aux traits intellos bien trop pompeux. Orphée aphone (précédée de L’invocation à la muse) est de la même manière une création à deux têtes, qui oscille entre des propositions géniales et parfois fastidieuses.

Vanasay Khamphommala accumule les références prestigieuses comme l’Ecole Normale Supérieure, Harvard, Oxford, la classe Libre de Florent. Dramaturge et artiste associé.e au Centre Dramatiques de Tours, ielle est un.e artiste qui suscite de l’intérêt surtout lorsqu’il s’agit d’une réécriture du mythe d’Orphée.

Nul besoin de rappeler le mythe d’Orphée qui s’en va vers les Enfers pour arracher des bras de Pluton et Proserpine, son amour Eurydice. Orphée aphone est une création en deux tableaux pour un.e seul.e interprète. Vont se suivre une proposition extrêmement classique du parcours d’Orphée dans les Enfers, ainsi qu’une deuxième proposition savoureuse et hilarante de l’attente d’Eurydice. L’artiste révèle dès le début de la pièce, et ce pendant l’installation du public dans la salle, un humour irrésistible. Une force géniale qui ne résiste pourtant pas au classicisme pesant du texte en alexandrin, et d’une interprétation convenue en constante friction avec l’énergie irrévérencieuse de l’artiste. Les alexandrins de Vanasay Khamphommala frôlent aussi bien le sublime que le stéréotype lyrique. Et malgré ses chants aux sonorités captivantes, l’artiste peine à ramener notre attention à la vie.

Si ce n’est lorsque Vanasay Khamphommala se métamorphose en Eurydice, vêtue de sa culotte en dentelle rouge, de sa longue chevelure brune et d’une boucle d’oreille. L’artiste révèle son autre facette sans trop de difficulté. Apparaît alors une Eurydice narcoleptique, se vautrant dans la terre, attendant indéfiniment l’arrivée de son Orphée. C’est à ce moment que le génie de Vanasay Khamphommala émerge sans aucune difficulté. On aurait consenti avec plaisir à subir cet humour infernal pendant des heures. Malgré une création à double tranchant, Orphée aphone ne remet aucunement en doute la certitude que Vanasay Khamphommala est un.e artiste à suivre.

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