« Pacamambo » de Wajdi Mouawad, mise en scène Joseph Olivennes au Théâtre de l’Essaïon

Article de Julie Lossec

Quand l’imaginaire transcende la mort

Ne supportant pas l’idée de laisser partir sa grand-mère dans l’au-delà, Julie a décidé de se cacher dans une cave avec le corps de la défunte et son chien. Elle raconte au psychiatre les trois semaines qu’elle a vécu, attendant la Mort pour lui « casser la gueule ». Et pour cause… Avant de mourir, Marie-Marie sa grand-mère lui a promis qu’elles se retrouveraient dans un monde où chacun peut décider ce qu’il veut être, un monde de tous les possibles dans lequel le rêve triomphe de la mort, un monde nommé Pacamambo.

Pacamambo

© Mipana

Pleine de courage, Julie part en quête de ce lieu imaginaire, prête à défier le fatalisme du psychiatre et celui de la Mort. Très vite, le spectateur emporté par son abnégation repousse à ses côtés les frontières du réel. La cave du théâtre de l’Essaïon devient celle de Marie-Marie, un refuge hors du temps dans lequel sa petite fille la comble de son amour en apprêtant son corps pour le long voyage. Son chien Le Gros, muni de gants de boxe, veille sur elle avec le fantôme de sa grand-mère paré de mille couleurs, jusqu’à l’arrivée lumineuse et surprenante de l’incarnation de la Mort.

Abordant avec une grande délicatesse le thème de la disparition d’un être aimé, le texte de Wajdi Mouawad parle aux petits et aux grands. La Compagnie Mipana s’en empare sous les traits des différents personnages tantôt sages, tantôt loufoques, alternant situations comiques et fortes en émotions. Un seul but, faire vivre ce que la mort n’emportera jamais : « le souvenir, l’amour, l’amitié ». Posés sur le plateau au service de notre imaginaire, des malles, une commode, un drap, une échelle, nourrissent le jeu des comédiens. Ils servent tour à tour de niche pour Le Gros, de refuge pour Julie, de cercueil pour sa grand-mère. À ce décor viennent s’ajouter des jeux de lumière qui subliment les pierres de la voûte du théâtre. Ils se font, avec les airs de violon du psychiatre, l’écho des tourments de Julie.

Pacamambo

© Mipana

Si la pièce peut manquer de rythme les premières minutes, les comédiens capturent rapidement l’attention des spectateurs en les maintenant dans une tension croissante jusqu’au dénouement. Pamina de Hauteclocque campe le rôle de Julie avec toute l’énergie, la fougue et la sensibilité d’une petite fille qui croit en ses rêves. Marie-Marie sa grand-mère, interprétée par Rafaële Minnaert, irradie de sagesse et de bonté. Petits et grands seront immanquablement remués par cet appel au rêve, à transcender la mort par l’imaginaire, à voyager à Pacamambo.

 

 

 

Pacamambo

Texte Wajdi Mouawad

Mise en scène Joseph Olivennes

Avec Pamina de Hauteclocque, Jock Maitland, Vianney Ledieu, Aloysia Delahaut et Rafaële Minnaert en alternance avec Anne Lefol

 

Du 18 août au 2 septembre 2016

 

Théâtre de l’Essaïon

6 Rue Pierre au Lard

75004 Paris

http://www.essaion-theatre.com/