Succès d’Avignon en 2013, Les Particules Élémentaires ouvre cette nouvelle saison du Théâtre de l’Odéon. L’occasion de découvrir ou de se replonger dans cette mise en scène bouillonnante du roman de Michel Houellebecq. Julien Gosselin dompte avec une adaptation séduisante cette langue virulente où provocation, ironie et désir se mêlent dans une masse parfois indigeste.
Dans une société à l’aube d’une nouvelle révolution idéologique, Michel Houellebecq retrace le parcours de deux demi-frères qui vont tenter de se construire avec l’héritage post soixante-huitard de la libération sexuelle. A force de déceptions et de désordres affectifs, Michel se confronte à son incapacité d’aimer et à l’inexistence de désir dans son existence. Il se sépare du monde, se consacrant à ses recherches en biologie moléculaire, afin de mettre au point une procréation séparée de toute sexualité. Michel Djerzinski créera le clonage et poussera l’Humanité vers son idéal d’immortalité. De son côté, la vie de Bruno est dictée par ses obsessions sexuelles. Son sentiment de solitude et ses humiliations à répétition trouvent coupable en cette société corrompue par cette libération sexuelle. Misère affective, solitude, cruauté ou encore l’apparition des serial killers sont les conséquences de ce le libéralisme érotique et politique. La fin du XXème siècle aurait atteint l’utopie sadienne d’une société vicieuse.
© Simon Gosselin
Julien Gosselin retranscrit parfaitement cette ironie propre à l’auteur, confondant son écriture entre une pensée politiquement et socialement insupportable, ainsi qu’une utilisation piquante de l’humour noir. A cette image, ces Particules élémentaires sont impétueuses, entrainant de gré ou de force le spectateur dans ce spectacle fleuve parfaitement construit. Sur une étendue de pelouse, le dispositif scénique est une arène vide prête à accueillir et accompagner l’écriture avec énergie, sans diktat d’interprétation. Le metteur en scène use et développe des outils parfaitement séduisants: une musicalité brutale, de l’usage répété et intense des basses à sa composition, ou encore une l’utilisation variée et intelligente de la vidéo à même le plateau. Il tient en haleine, drague frontalement la perception du spectateur, excite avec facilité tous ses sens. Michel Houellebecq parle de désir, Julien Gosselin y crée une tension électrique et sauvage. On succombe avec facilité, mais qui n’aime pas se laisser charmer ?
Informations pratiques
Auteur(s)
Michel Houellebecq
Adaptation et Mise en scène
Julien Gosselin
Avec
Joseph Drouet, Denis Eyriey, Antoine Ferron, Noémie Gantier, Carine Goron, Alexandre Lecroc-Lecerf, Caroline Mounier, Victoria Quesnel, Geraldine Roguez, Maxence Vandevelde
Dates
Du 12 septembre au 1er octobre 2017
Durée
3h50
Adresse
Théâtre de l’Odéon
Place de l’Odéon
75006 Paris