Au pays des mensonges, texte de Etgar Keret, adaptation, interprétation et interprétation de Noam Morgensztern au Studio – Comédie Française

Un article de Thibault David

Un standupist au Français

Un spectacle sous forme de stand-up à la Comédie-Française, ça étonne un peu. On s’attendrait plutôt à le voir au Point-Virgule, au Feux de la Rampe. N’importe où en fait.  Et pourtant, le Studio se prête parfaitement à cet exercice particulier, et tout va bien, c’est génial.

© Vincent PONTET

Au pays des mensonges est une adaptation de quatre extraits de nouvelles de l’israélien Etgar Keret (romancier, scénariste, réalisateur, auteur de bandes-dessinés, quelqu’un qui apparemment n’a pas le temps de s’ennuyer dans la vie). Une écriture incisive, abrupte, décalée – ça jure, tempête, écriture quotidienne mais irrésistible.

Le format stand-up a donc tout pour rendre hommage à la plume absurde de l’auteur. Noam Morgensztern, responsable de l‘adaptation, la conception et l’interprétation du spectacle (encore quelqu’un qui cumule les talents, faut croire) a choisi de prendre ce risque et c’est payant : avec cette parole à la première personne, il a toute latitude pour broder, prendre à parti le public, déconner, digresser.

© Vincent PONTET

On plonge donc dans ces quatre textes enchainés sans temps mort, dans des tranches de vies bouillantes d’humanités, partant irrémédiablement dans l’absurde et le n’importe quoi le plus total – et on se prend au jeu sans soucis, une femme se transforme en nain trapu la nuit tombé, okay, des lapins avec des queues en forme d’antennes radio, tout va bien, plus rien ne choque, tout est drôle.
La gouaille de Noam Morgensztern colle parfaitement à l’ambiance. Une sonnerie de portable pendant le spectacle ? « Vous pouvez y répondre, hein ! Au point où on en est. »Un travail voulu par le comédien : « Ce qui me permet de travailler l’incarnation,  de réfléchir à l’aspect vivant et au présent d’une représentation.»
Et lorsqu’on se dit que le procédé commence à s’essouffler (la scène nue, un comédien et un micro en guise de scénographie, rien d’autre), c’est pour se faire emporter dans une spirale musico-délirante, un slam/chanson folk qui prend au tripes et achève de convaincre.

Noam Morgensztern a tout les talents : et le mieux, c’est qu’il en fait profiter tout le monde. Au pays des mensonges vaut franchement le coup.


Au pays des mensonges,


Textes : Etgar Keret

Adaptation, conception et interprétation : Noam Morgensztern
Lumières : Philippe Lagrue
Musiques originales : Théophile Blanckaert

 

Du 29 mars au 9 avril

Durée : 1h

 

Studio – Comédie Française

99 rue de Rivoli – Galerie du Carrousel du Louvres

http://www.comedie-francaise.fr/index.php