« PEAU D’ÂNE, LA FÊTE EST FINIE » : Voyage initiatique, récits d’enfant et lutte de femmes

Peau d’Âne, la fête est finie, c’est d’abord la rencontre entre deux femmes, leurs imaginaires, leurs espoirs et leurs colères. Marie Dilasser, la dramaturge, et Hélène Soulié, la metteuse en scène, se retrouvent autour d’un conte connu de tous pour en faire un récit contemporain : « un texte troublé par le plateau, un conte troué par le réel, un récit qui brouille les frontières, pour tenter un futur désirable ». Elles donnent la parole à « une enfant », et à travers elle tous les enfants que l’on préférerait ne pas écouter.

Ici, pas de bons, ni de méchants. Pas de héros, ni d’héroïnes. Ici, deux vies, dans des réalités et contextualités différentes. Deux vies que la filiation pourrait réunir, devraient réunir. Mais que finalement la filiation va détruire. Ici pas de roi et d’infante. Mais un père coupable, et une fille qui prend les armes. Pas celles qui ensanglantent, percent et tranchent. Celles de la parole et de l’acte poétique qui révèlent, réparent, et rendent justice. Avec acidité et humour, et en reprenant les éléments iconiques du conte de Perrault, Marie Dilasser et Hélène Soulié tissent une fable d’aujourd’hui, une histoire où les jeunes filles sortent du silence et s’allient pour prendre possession de leurs corps et de leur vie.

La place du conte s’incarne tout au long de la lecture, et ce dès le début de la pièce, avec le fameux « Il était une fois ». Le texte, accompagné de diverses références musicales, se construit autour de nombreuses métaphores, de monologues où l’échappatoire du personnage dit « une enfant » se trouve dans son imaginaire. L’imagination se mêle peu à peu à une certaine magie, lorsque cette enfant s’enfuit à bord de son auto-tamponneuse, et rencontre alors différents personnages issus de nombreux contes, qui ont eux aussi leur mot à dire. C’est avec ses rencontres que se trace le voyage initiatique d’ « une enfant ». Chaque personnage est une étape de plus pour aller progressivement au bout de sa quête : retrouver sa mère et retrouver la parole.

La parole est d’ailleurs elle aussi au cœur de ce conte réinventé. Les créatrices de cette œuvres manient à la perfection leur texte pour « dire l’indicible », pour dépeindre le piège qui se referme sur leur personnage : manipulation, chantage affectif, isolement, mensonge, silence. Ne reste qu’une colère et une violence qu’elle ne dit qu’à demi-mots : « J’aimerais bien avoir une auto-tamponneuse pour foncer dans des trucs faire tomber tous les murs ». Puis, aux côtés de ses nouveaux ami.e.s, elle apprend petit à petit à retrouver une parole perdue au fond d’un corps qui ne lui appartient plus : « Maintenant il va falloir réussir à le dire avec tes mots ».

La pièce est un condensé de remises en question très contemporaines. Écologie, inclusivité, patriarcat, tout est dit, peut-être parfois martelé, de manière plus ou moins subtile. Mais ce qui reste le plus signifiant et porteur de sens, c’est avant tout un discours de femmes et de filles qui s’allient pour renverser la fatalité dictée par une société d’hommes.

La création se jouera le 12 octobre 2023 au Théâtre Jean Vilar à Montpellier, dans une mise en scène de Hélène Soulié – Compagnie EXIT. Puis la tournée se poursuivra sur plusieurs villes en 2023/2024.

Informations pratiques

Auteur(s)
Texte de Marie Dilasser en collaboration avec Hélène Soulié

Prix
11 euros

Éditions Les Solitaires Intempestifs
www.solitairesintempestifs.com

Compagnie EXIT
exit-helenesoulie.com

Théâtre Jean Vilar
theatrejeanvilar.montpellier.fr