Satire moderne sous forme de scénettes, avec quatre personnages, dont le rôle principal ELLE incarnant la place dans le couple de la nouvelle femme fatale retouchée, à l’ère du jeunisme médiatique.
Dans cette pièce théâtrale contemporaine, il y a ELLE et LUI. Il y a aussi LE CAS et LA VIEILLE PEAU. ELLE est une femme adepte des besoins d’une société occidentale néolibérale soumis à l’image. Fervente de la chirurgie esthétique, elle est aussi victime des diktats de la jeunesse éternelle comme valeur essentielle. Obsédée par sa peau d’orange, elle confronte ses pensées à ses tentatives de provocations. Mais cette femme moderne oscille entre dépression, révolte et soumission. ELLE est le personnage central. Son questionnement fondamental se situe à l’opposé du néo-féminisme actuel, qui éclaterait et diviserait la conception traditionaliste d’une famille classique. Non. Ici, ELLE, femme hétéro-normée, interroge avec discernement la notion de couple riche et épanoui sexuellement, avec le gage futur de fonder une famille avec enfant. Ou pas. ELLE ne sait comment s’inscrire dans une sorte de vieux rêve américain redoré au Moyen-orient par un monde sécurisant pour la femme active botoxée prête-à-être-consommée. LUI incarne le cliché de l’image du célèbre sportif imposant le patriarcat et la domination masculine.
Entre conformisme, soulèvement intime et réflexions critiques, le texte reprend les poncifs d’un monde happé par les stéréotypes du jeunisme surmédiatisé dans les réseaux sociaux. La femme contient un discours lucide, conforté par des personnages symbolisant les profitables clichés de la nouvelle société. Le texte est incisif, drôle et reprend les néologismes et concepts du bien-être, de la moralisation de la santé et du développement personnel. Les dialogues dénoncent un art de vivre qui soumet l’image de la femme d’aujourd’hui à la fabrique de critères de beauté identiques pour toutes. Connais-toi toi même pour pouvoir agir en connaissance de cause et passer au bistouri.
Cette pièce de théâtre contemporaine Peau d’orange écrite par la serbe Maja Pelević se joue en Europe dès 2006. Traduit en français et édité en 2022 aux Éditions L’Espace d’un instant, le style reprend les figures d’une satire qui s’inspire des notions de couple dans une société de consommation tiraillée par les nécessités de l’esthétisme social. Le texte révèle la critique d’un monde consumériste lissé sur l’apparence et la réputation. Ainsi, ce livre exacerbe les vicissitudes de la nouvelle femme fatale. Par le truchement d’un discours qui dénonce les penchants grégaires à stigmatiser l’indépendance de la femme ou de la mère, cette pièce de théâtre questionne avec ironie les injonctions à être beau dans la société moderne.
Informations pratiques
Auteur(s)
Maja Pelević
Prix
13 euros
Éditions L’Espace d’un instant
parlatges.org