« LES PEINTRES AU CHARBON »  L’art brut jaillit du cœur des mineurs 

Visages couverts de suie et casque sur la tête, des mineurs font pénétrer le public dans une galerie souterraine. Bruits de machinerie, odeur âcre du charbon, sirènes, une vie harassante pour ces ouvriers d’antan. Installés dans un dispositif bi-frontal, les spectateurs se retrouvent en 1934 à Ashington, au Nord-Est de l’Angleterre pour suivre l’histoire d’un groupe de mineurs qui se frotte à l’art de manière impromptue. Avec curiosité et appréhensions, cinq jeunes Georg Brown le chef, Oliver, Harry, Jimmy et le P’tit Gars découvrent un univers pictural coloré accessible et exaltant, guidés par le « Professeur » Robert Lyon. Ils forment leur regard, pratiquent la peinture sans retenue, nourris par leur quotidien, leur vision de la société et d’eux-même. « Les peintres au charbon » séduisent Helen Sutherland incarnée par la belle Élodie Galmiche, puis le monde des professionnels et donnent alors naissance à leur propre mouvement. Inspiré de faits réels, un voyage initiatique captivant de personnages engagés aux caractères bien trempés, interprétés avec brio par les comédiens du collectif La Cantine dans une belle unité. Des enjeux politiques et sociaux, des cadences infernales et l’art puissant qui soudain porté par cette jeunesse se veut ouvert à tous, une vision pleine d’humanité.

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© Suzanne Rault-Balet – Elya Sto

Créé fin 2016, « Les peintres au charbon » de Marc Delva traite de la place et du rôle de l’artiste dans la société actuelle, ses moyens d’expression et les questions qui le tiraillent. Que ce soit en peinture, au théâtre ou tout autre métier artistique, le jeune doit faire des choix et se lancer dans l’inconnu, un véritable engagement avec des implications sociales. L’art ne doit pas être réservé à une élite, c’est ce que nous montre le parcours du groupe d’Ashington issu d’un milieu modeste. Ce sont des mineurs besogneux que l’on voit, puis à mesure du discours des personnalités rudes, attachantes et d’une franche camaraderie, qui s’engagent avec frénésie dans l’art ou à la guerre comme le P’tit Gars. Un cheminement rythmé par les projections vidéos et les scènes déroulées avec fluidité : joutes verbales durant les cours, créations, déplacements du groupe. La scénographie impeccable plonge le spectateur en immersion, des gradins, il assiste à un moment d’Histoire. Les œuvres sont évoquées mais les toiles blanches, les cadres et projections vides pour laisser place à l’imaginaire. L’espace artistique (La Cabane, galeries et expositions…) s’étend peu à peu avec de belles sonorités (chansons anglaises, percussions). Le travail du mineur est magnifié à travers ses représentations et Oliver qui pose en tenue, sous les traits du remarquable Florent Hu. Le texte de l’auteur britannique Lee Hall, scénariste du film Billy Elliot est fort et humaniste. Un beau travail du collectif La Cantine, une pièce d’une grande simplicité avec de belles envolées lyriques. L’art est pour certain un voyage qui peut durer toute la vie.


Informations pratiques

Auteur(s)
D’après Lee Hall
traduction Fabrice Melquiot

Mise en scène
Marc Delva

Avec
Hugo Bardin, James Borniche, Thomas Brazète, Solal Forte, Elodie Galmiche, Florent Hu, Marie Petiot / Elise Fourneau, Paul Emile Pêtre, Emmanuel Rehbinder

Dates
Du 25 avril au 28 mai 2017

Durée
2h05

Adresse
Théâtre 13/ Seine 30
Rue Chevaleret
75013 Paris

http://www.theatre13.com/