Article de Richard Magaldi-Trichet
La guerre de Bertha n’aura pas lieu
Tout commence comme une simple querelle de ménage : Le Capitaine et sa femme Laura ne sont pas d’accord sur l’éducation et l’avenir de leur fille Bertha. Très vite les divergences vont laisser apparaître entre les deux époux des failles beaucoup plus sombres et profondes. La lutte pour l’autorité dans le couple finira dans une folie destructrice.
© Vincent Pontet, coll.Comédie-Française
Le Capitaine est un militaire, il s’engage dans une guerre avec sa femme : « Les femmes commandent trop chez toi » lui reproche son beau-frère pasteur. Car il s’agit bien de guerre dans la pièce de Strindberg créée en 1887 : on y parle d’ennemi, de combat, de lutte, de capitulation…la stratégie féminine l’emporte pourtant, Laura instille le doute dans l’esprit de son mari sur la paternité de sa fille, elle en appelle au docteur de la famille pour questionner l’état mental de son conjoint…le Capitaine ne peut livrer bataille, il n’a aucune chance. Il se laisse sombrer dans une tragique démence, accepte sans le réaliser la camisole tendue par Margret, la vieille nourrice aux paroles maternelles. « Si je suis fou, comment le suis-je devenu ? » demande-t-il. Face à l’épouse et à la figure de la mère, il ne peut que rendre les armes devant le terrible constat : « Les hommes n’ont pas d’enfants ». Seules les femmes ont la certitude de leur maternité, le pessimisme de Strindberg est à son apogée.
© Vincent Pontet, coll.Comédie-Française
Les comédiens de la Comédie Française, menés par Michel Vuillermoz et Anne Kesler, nous délectent de ce texte pourtant bien sombre et cruel. On comprend qu’Arnaud Desplechin ait choisi la pièce pour sa première mise en scène au Français. Il est à son aise dans cet univers d’exacerbation des sentiments. On le laisse volontiers nous accompagner dans cette tourmente des passions.
Père
d’August Strindberg
Texte français Arthur Adamov
La pièce dans la traduction française est publiée chez l’Arche éditeur.
Mise en scène Arnaud Desplechin
scénographe Rudy Sabounghi
costumes Caroline de Vivaise
lumières Dominique Bruguière
son Philippe Cachia
Nouvelle production
Avec
Martine Chevallier : Margret, la vieille nourrice du capitaine
Thierry Hancisse : Le pasteur, frère de Laura
Anne Kessler : Laura, la femme du capitaine
Alexandre Pavloff : Le docteur Oestermark
Michel Vuillermoz : Le capitaine
Pierre Louis-Calixte : Nöjd, soldat de l’escadron du capitaine
Claire de La Rüe du Can : Bertha, la fille du capitaine et de Laura
Du 19 septembre 2015 au 4 janvier 2016
Comédie-Française
Richelieu
Place Colette
75001 Paris
www.comedie-francaise.fr