« Princesse K », création et mise en scène de Denis Athimon au Théâtre Mouffetard, arts de la marionnette

Article de Céline Coturel

RECIT EXTRAORDINAIRE PAR L’HOMME QUI MULTIPLIAIT LES PERSONNAGES

Il était une fois, un majordome conteur d’histoires, et une extraordinaire famille royale qui faisait régner la joie et l’abondance auprès de leur peuple. Le roi, pour le moins progressiste, était marié à une paysanne, et leurs trois enfants étaient vaillants et beaux. La paix régnait, jusqu’au jour où le fils aîné, chef des armées, en décide autrement. Lainé (de son nom) bascule vers le côté obscur de la force et tue son père, sa mère, Boitar le cadet… pour prendre le royaume. Seule la plus jeune, qui se nomme Princesse, parvient à s’échapper. Elle court elle court, se prend des branches dans la figure (des vraies), halète, se recoiffe, se perd, et tombe d’épuisement. Au cœur de la forêt où elle trouve refuge, elle est prise sous l’aile de maître Koala qui lui enseigne les arts martiaux pour reconquérir son poste. Semée d’embûches, la vengeance n’en sera pas moins terrible… Et le tout, porté par un seul homme.

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© Julien Mellano

Denis Athimon, de la Compagnie Bob Théâtre, est seul sur scène et ne se donne pas de répit. Non seulement il a écrit ce pastiche brillamment ficelé, mais il en interprète tous les personnages. Il prend leur voix, leur gestuelle, leur expression faciale… leur accent aussi, avec une aisance jubilatoire. Un simple attribut physique nous suffit à reconnaître le personnage. On a plaisir à voir les accessoires choisis apparaître et disparaître sans qu’on sache d’où ils sortent : avec une petite couronne juchée sur la tête par un élastique, il est le père, un écrin il est la mère, un passe-montagne, il est maître Koala. Princesse aura l’accessoire le plus beau, le plus remarquable.

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© Jean-Paul Pupier

On salue le travail de lumière d’Alexandre Musset, dont les sources lumineuses sont variées et fondues dans le décor. Une lampe de bureau, un accessoire en haut d’une armoire… L’espace est minimaliste et inspiré des meubles du XVIe siècle. Toute l’attention peut ainsi se focaliser sur les objets qui éclatent comme un feu d’artifice. Et le metteur en scène dans tout ça ? C’est encore Athimon. Passant par toutes les émotions, il mêle sans complexe l’existence des humains avec celle des animaux dotés de pouvoirs magiques et surtout, doués de paroles, à la façon des dessins animés fantastiques dont sont nourris tous les enfants du monde (pour le meilleur et pour le pire). Ses références sont Dragon ball, One piece, Kill Bill, le gendarme à St Tropez, Star Wars… Et il en extrait l’essence la plus pure, pour y apporter tout l’humour dont il est capable.

Depuis sa création en 2008, Princesse K ne cesse d’être jouée partout en France. Huit ans que Bob Théâtre joue et rejoue cette pièce, parfois à la demande des programmateurs de théâtre. C’est en tout plus de 400 représentations. Une réelle histoire d’amour en somme. Et une déclaration pour le public (jeune et moins jeune), que Bob Théâtre n’a de cesse de vouloir divertir.

 

Princesse K
Compagnie Bob Théâtre
Création 2008
Texte de Denis Athimon
Mise en scène et interprétation Denis Athimon
Lumière Alexandre Musset
Régie lumière et son Antoine Jamet, Gwendal Malard ou Tugdual Tremel (en alternance)
Interprétation en langue des signes (LSF ) Lucie Lataste

Du 17 au 27 novembre 2016
Au Mouffetard, théâtre des arts de la marionnette

73 Rue Mouffetard

75005 Paris
www.theatredelamarionnette.com