PROJET "AU PAS DE COURSE" : Rencontre avec Jean-Baptiste Barbuscia, artiste associé au Théâtre du Balcon – Scène d’Avignon et animateur de ce projet de démocratisation culturelle

Jean-Baptiste Barbuscia, artiste associé au Théâtre du Balcon et animateur du Projet Au pas de course
© Gilbert Scotti

Le Théâtre du Balcon est une des six « Scènes d’Avignon », regroupement de théâtres permanents de la Cité des papes. Parmi les missions que s’est donnée la Compagnie Serge Barbuscia, qui dirige ce lieu, il y a celle de la démocratisation culturelle et du franchissement des murs réels et symboliques entre le théâtre et les avignonnaises et avignonnais. Rencontre avec Jean-Baptiste Barbuscia, artiste associé au Théâtre du Balcon, pour parler d’un des nombreux dispositifs mis en place.

Hugo Valat : Pouvez-vous nous présenter le projet en quelques mots ?

Jean-Baptiste Barbuscia : Ce projet va s’appeler Au pas de course. Il doit se tenir de mars à juin 2024, avec pour objectif de participer au Festival de théâtre amateur organisé par la ville d’Avignon en juin. On est parti de cette année olympique avec ce titre de projet et ce sujet qui est aussi un prétexte pour faire parler les participantes et participants, car c’est quelque chose qui nous relie tous, le sport. Quelle place peut-il prendre dans nos vies et sous quelle forme ? C’est une des questions posées aux participants et participantes, avec pour objectif premier de les faire venir sur scène et se rencontrer.

Hugo Valat : Justement, à quelle régularité auront lieu ces rencontres ? Comment vont-elles se dérouler ?

Jean-Baptiste Barbuscia : Il y a déjà eu deux ou trois séances préparatoires. On va essayer de se réunir toutes les deux ou trois semaines et de travailler chaque fois sur quelque chose de différent, en lien avec le thème. Nous sommes quatre artistes qui animons les séances : Charlotte Adrien, Serge Barbuscia, Fabrice Lebert et moi-même. Nous abordons des questions telles que « Si vous étiez un sport ? » ou encore « Qu’est-ce que le sport représente pour vous ? » Très souvent, les participantes et participants reviennent à un souvenir lié à leur histoire personnelle, et notamment ce qu’ils ou elles ont vécu étant plus jeunes. Ce témoignage par exemple : « Moi j’ai grandi dans un pays d’Afrique, et tous mes frères avaient le droit de pratiquer un sport de combat, sauf moi. Et du coup, quand je suis arrivé en France, la première chose que j’ai faite c’est de m’inscrire à un sport de combat ! C’était ma petite victoire sur mon histoire personnelle. »

Hugo Valat : Mais pourquoi avoir choisi ce sujet de sport ? Est-ce uniquement lié au fait que nous soyons dans une année olympique avec Paris 2024 ?

Jean-Baptiste Barbuscia : C’est une demande que nous avions depuis quelques années : le sport fait partie de ces rares sujets à peu près universels, qui parlent à tout le monde. Il y a toute l’humanité qui se retrouve dans le monde du sport, à la fois les belles valeurs que cela peut porter et tous les aspects potentiellement négatifs : racisme, sexisme, exclusion… Ce qui est intéressant là, c’est que nous avons réussi à former un groupe d’une réelle diversité et mixité sociale et générationnelle, et c’est une des volontés que nous avons avec ce projet : mélanger des groupes de personnes qui ne se seraient pas forcément croisées dans la vie autrement. Et plus il y a de diversité dans l’atelier, plus c’est intéressant.

Hugo Valat : Plus largement, quelle est la place de ce projet dans l’identité et la programmation artistique du Théâtre du Balcon ?

Jean-Baptiste Barbuscia : Cela fait partie des missions du Théâtre du Balcon de démocratiser l’accès à la Culture et au théâtre, en donnant une légitimité à venir dans les lieux culturels à des personnes qui pourraient s’en sentir exclues. Cela fait sept ou huit ans que nous avons mis en place ce genre de projet, avec pour objectif d’amener la Culture et le théâtre au plus près des gens… et inversement ! Beaucoup de nos actions se déroulent dans les centres sociaux des quartiers de la ville d’Avignon : nous y amenons notamment une partie des artistes de notre programmation de saison.

Hugo Valat : Comment envisagez-vous la forme finale que prendra la restitution de ces ateliers Au pas de course ?

Jean-Baptiste Barbuscia : On essaiera de mélanger le maximum de petits tableaux : en plus du théâtre, on aimerait qu’il y ait de la danse, du slam… Il y aura peut-être aussi des professionnel.le.s au plateau. L’utopie ultime serait de les faire jouer cet été dans le cadre du Souffle d’Avignon, cycle de lectures de textes contemporains organisé par les Scènes d’Avignon au cœur du Palais des papes, lors du Festival d‘Avignon. L’important pour nous, c’est surtout qu’ils et elles vivent une expérience inoubliable.