Un article de Thibault David
« Comment expliquer la peinture à un lièvre mort »
C’est une collaboration de longue date. C’est un auteur, un metteur en scène et un acteur. C’est le troisième monologue (entre autres) qu’ils travaillent ensemble, qu’ils investissent, sonorisant des mots, des idées. C’est une virée follement hypnotique guidé par un narrateur porté sur la logorrhée maitrisée, bonsoir, c’est Providence.
© Pascal Gely
« L’action se situe au bord d’un lac dans une maison banale, mais pratique ». Ludovic Lagarde, le metteur en scène, plante le décor – le ton est donné. Un canapé tristounet, deux magnétophone sur trépieds, un système quadriphonique, un écran, un simili studio d’enregistrement derrière une grande grille.
Et Laurent Poitrenaux, narrateur de son état, qui s’installe. Nonchalance extrême. Une sorte de dandy du verbe. Ça commence par citer Darwin, enchaîne sur les merveilles technologiques de l’ancien temps, une respiration, un instant de grâce et l’acteur repart, tripatouille ses magnétophones (d’abord à la main, et de plus en plus par les gestes, magnétophones magiques de l’an 2034), mélange Schubert et heavy metal. L’omniprésence du matériel sonore capte l’œil (en plus de l’oreille) : c’est que le narrateur, non content d’être d’une présence incroyable au plateau, se paie le luxe de commander les ondes sonores, commande les sons d’un geste, parle aux machines, précis comme un métronome.
L’écriture d’Olivier Cadiot est un petit bonheur, un plaisir à écouter et à jouer ; l’expérience de l’acteur sur le sujet (« Comme si désormais je parlais le Cadiot par cœur ») crève les yeux tant elle est évidente. Le texte, d’abord constitué en quatre parties bien distinctes, est transformé, adapté : Laurent Poitrenaux est scientifique, puis jeune fille, vieille femme, auteur. Un narrateur jouant quatre rôles, ou un acteur jouant un narrateur jouant quatre rôles – c’est peu clair à l’écrit, beaucoup plus évident quand on le voit.
Et Laurent Poitrenaux, narrateur de son état, qui s’installe. Nonchalance extrême. Une sorte de dandy du verbe. Ça commence par citer Darwin, enchaîne sur les merveilles technologiques de l’ancien temps, une respiration, un instant de grâce et l’acteur repart, tripatouille ses magnétophones (d’abord à la main, et de plus en plus par les gestes, magnétophones magiques de l’an 2034), mélange Schubert et heavy metal. L’omniprésence du matériel sonore capte l’œil (en plus de l’oreille) : c’est que le narrateur, non content d’être d’une présence incroyable au plateau, se paie le luxe de commander les ondes sonores, commande les sons d’un geste, parle aux machines, précis comme un métronome.
L’écriture d’Olivier Cadiot est un petit bonheur, un plaisir à écouter et à jouer ; l’expérience de l’acteur sur le sujet (« Comme si désormais je parlais le Cadiot par cœur ») crève les yeux tant elle est évidente. Le texte, d’abord constitué en quatre parties bien distinctes, est transformé, adapté : Laurent Poitrenaux est scientifique, puis jeune fille, vieille femme, auteur. Un narrateur jouant quatre rôles, ou un acteur jouant un narrateur jouant quatre rôles – c’est peu clair à l’écrit, beaucoup plus évident quand on le voit.
© Pascal Gely
Providence trace un monde qui se modernise, better, faster stronger, mais quel est le sens ? Pourquoi courir ? L’histoire devient plutôt un moyen de placer l’acteur au centre d’un processus de création pure, de réappropriation d’un espace, presque un prétexte (si on peut oser le mot tellement le texte se suffirait à lui-même).
La mise en scène transforme ce roman structuré en laboratoire scénique, géré par un acteur/scientifique du plateau : une aisance dans le corps, un détachement exceptionnel, et ce travail sur le son, le transforme en maitre de cérémonie, commandant ses magnétophones par des gestes, maestro du decrescendo, chef d’orchestre de son petit univers technologique.
Cette capacité tout bonnement bluffante à devenir maître total de cet espace, tranche avec un propos doux-amer ; cette jeune fille qui se dit qu’elle doit bien au moins pouvoir réussir quelque chose ; le scientifique, affalé sur son canapé, regard au ciel, « Ça serait ça, le bonheur… ».
Une douce ironie du monde qui sourde au travers des mots.
La mise en scène transforme ce roman structuré en laboratoire scénique, géré par un acteur/scientifique du plateau : une aisance dans le corps, un détachement exceptionnel, et ce travail sur le son, le transforme en maitre de cérémonie, commandant ses magnétophones par des gestes, maestro du decrescendo, chef d’orchestre de son petit univers technologique.
Cette capacité tout bonnement bluffante à devenir maître total de cet espace, tranche avec un propos doux-amer ; cette jeune fille qui se dit qu’elle doit bien au moins pouvoir réussir quelque chose ; le scientifique, affalé sur son canapé, regard au ciel, « Ça serait ça, le bonheur… ».
Une douce ironie du monde qui sourde au travers des mots.
Providence
Texte Olivier Cadiot
Mise en scène Ludovic Lagarde
Texte Olivier Cadiot
Mise en scène Ludovic Lagarde
Avec Laurent Poitrenaux
Scénographie Antoine Vasseur
Lumières Sébastien Michaud
Réalisation sonore David Bichindaritz
Réalisation informatique musicale Ircam Sébastien Naves
Costumes Marie La Rocca
Maquillage et coiffure Cécile Kretschmar
Conception image Michael Salerno
Conception graphique Cédric Scandella
Dramaturgie Sophie Engel
Assistanat à la mise en scène Céline Gaudier
Conseiller musical Jean-Luc Plouvier
Conseillère dramaturgique Marion Stoufflet
Collaboration image Romuald Ducros
Mouvement Stéfany Ganachaud
Ensemblier Eric Delpla
Assistanat scénographie Justine Creugny
Assistanat costume Peggy Sturm
Assistanat maquillage Mityl Brimeur
Régie générale Jean-Luc Briand
Régie vidéo Stéphane Bordonaro
Régie lumières Cyrille Molé
Régie plateau Paul Argis, Pascal Daubié
Habillage Elise Beaufort
Scénographie Antoine Vasseur
Lumières Sébastien Michaud
Réalisation sonore David Bichindaritz
Réalisation informatique musicale Ircam Sébastien Naves
Costumes Marie La Rocca
Maquillage et coiffure Cécile Kretschmar
Conception image Michael Salerno
Conception graphique Cédric Scandella
Dramaturgie Sophie Engel
Assistanat à la mise en scène Céline Gaudier
Conseiller musical Jean-Luc Plouvier
Conseillère dramaturgique Marion Stoufflet
Collaboration image Romuald Ducros
Mouvement Stéfany Ganachaud
Ensemblier Eric Delpla
Assistanat scénographie Justine Creugny
Assistanat costume Peggy Sturm
Assistanat maquillage Mityl Brimeur
Régie générale Jean-Luc Briand
Régie vidéo Stéphane Bordonaro
Régie lumières Cyrille Molé
Régie plateau Paul Argis, Pascal Daubié
Habillage Elise Beaufort
Du 2 au 12 mars 2017
1h30
Théâtre des Bouffes du Nord
37 (bis) boulevard de la Chapelle – 75010 Paris
http://www.bouffesdunord.com/
http://www.bouffesdunord.com/