Rakatakatak de la Compagnie Les Grands Écarts © GRioTTe
À quoi ressemblera notre monde dans 50, 60 ans ? C’est à partir de ce prétexte narratif que la compagnie crée un univers futuriste, avec ses propres règles, son propre langage, ses propres enjeux. La pièce commence in medias res, au cœur d’un conflit venant de l’extérieur : occasion idéale au théâtre pour nourrir les conflits et relations intérieurs.
Rakatakatak– C’est le bruit de nos cœurs est une épopée dystopique – de la SF de tréteaux – qui questionne les normes amoureuses et s’attaque à la construction masculine. Nous sommes en 2087, une guerre sociale est sur le point d’éclater ; mais pour les personnages, les batailles se mèneront autant sur les barricades que dans les vicissitudes internes des rapports amicaux et amoureux. Pour gagner cette guerre, il leur faudra réinventer leurs façons de s’aimer.
La trame proposée par Logan De Carvalho tisse les enjeux des personnages, les met face à leurs limites et leurs peurs, leur offrant ainsi la meilleure occasion d’évolution possible, provoquée par l’urgence de dire et d’agir. Loin d’en faire des caricatures, le texte explore tout le champ des possibles de ses personnages et permet au contraire un approfondissement intelligent de chacun d’eux. Plus qu’un combat contre l’envahisseur, la guerre qui a lieu sur scène entraîne un combat intérieur et relationnel. Kamo, Trac, Eli et Driss sont tous à un instant charnière de leur vie, lourd de remises en question, qui entraîne conflit et nécessité de renouer le dialogue, le vrai.
Le spectacle explore de nombreuses possibilités de relations, amicales comme amoureuses. Un jeu de chassé-croisé se crée entre les personnages, qui se retrouvent généralement deux par deux, déclinant ainsi les différents liens qui les unissent ou les questionnent : l’amitié, l’amour unique, le polyamour… Confidences, disputes et questions se croisent : comment se construisent l’amour et l’amitié ? Comment ces relations évoluent-elles ? Quels impacts ont-elles sur les individus ? Car ce n’est pas seulement la relation à l’autre qui est en jeu, mais aussi son identité propre : comment conserver son indépendance sans tomber dans l’égoïsme ?
Toutes ces interrogations, à la fois universelles et très actuelles, viennent chambouler la relation entre le personnage et son comédien : la limite devient floue entre le « je » fictif et le « je » réel. La compagnie met en scène une mise en abyme qui questionne le théâtre, lieu de libération de la parole. Certains voient en leur personnage un modèle, un espoir, une aspiration ; pour d’autres, il s’agit d’un double qui vient les interroger sur leur place dans la société patriarcale. Car c’est surtout ça, le cœur du spectacle : la remise en question des relations patriarcales, la force et le combat des personnages féminins, l’inclusivité par la réinvention du langage, thématiques autour desquelles on retrouve également les notions de liberté, de classes sociales, d’individu et de collectif.
Ce spectacle est un véritable succès, dans son fond comme dans sa forme. Tout est présent et dit sur scène, les artifices du théâtre sont assumés, les couacs, les malentendus, la dualité comédien/personnage provoquent le rire, et l’espace de la scène est maîtrisé à la perfection : les comédiens emplissent l’espace, le modèlent sans cesse et jouent de toutes les possibilités que leur offre la technique (qu’ils utilisent eux-mêmes et à vu). En plus de son message d’amours et de réinventions sociales, Rakatakatak est une véritable performance d’acteur.trices.
Rakatakatak de la Compagnie Les Grands Écarts © GRioTTe
Informations pratiques
RAKATAKATAK Création 2023 – Compagnie Les Grands Écarts
Lauréat du Prix Incandescence 2023
Auteur(s)
Logan De Carvalho (en étroite collaboration avec Laure Barida, Géraldine Dulpa,
Gabriel Lechevalier, Léa Romagny)
Mise en scène
collective sur un projet de Gabriel Chevalier
Avec
Laure Barida, Anthony Breurec, Logan De Carvalho, Géraldine Dulpa
Lumières Catherine Reverseau
Costumes Léa Gadbois-Lamer
Dates
19 octobre 2023 à la Cour des Trois Coquins, Clermont-Ferrand
Le 23 janvier 2024 à 9h30 Festival du Maillon en scène à L’Espace 600 à Grenoble
5 avril 2024 au Caméléon (Pont du Château)
13 avril 2024 au Théâtre de Châtel-Guyon
28 et 29 mai 2024 au CDN de Montluçon
Du 18 juin au 23 juin 2024 au Théâtre des Célestins à Lyon
Durée
1h45
Adresse
Cour des Trois Coquins
Rue Agrippa d’Aubigné
63000 Clermont-Ferrand
Informations complémentaires
Cour des Trois Coquins Facebook
www.facebook.com/lacourdestroiscoquins
Compagnie Les Grands Écarts
lesgrandsecarts.com
