Bless the Sound That Saved A Witch Like Me – Cri(s)… de Benjamin Kahn © Bas Czerwinski
Festival défricheur dédié aux écritures chorégraphiques contemporaines depuis 1969, les Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis présentent des œuvres portant un questionnement aigu et poétique sur notre monde. Performé au Théâtre de l’Échangeur de Bagnolet, Bless the Sound that Saved a Witch Like Me – Cri(s)… de Benjamin Kahn est le deuxième volet d’une trilogie de solos chorégraphiés pour et avec chaque danseur·se et performeur·se. Dans une relation radicale et immédiate avec le public, Sati Veyrunes danse une chorégraphie de l’intime et de l’instinctif que nous traversons collectivement.
Cette créature est une sorcière nous dit le titre. Elle attend tranquillement dans un coin. Elle respire, elle se sourit à elle-même puis nous sourit. Elle veut nous partager un poème souffle-t-elle dans un micro en traversant le plateau. Elle se positionne. Elle nous prépare et se prépare. Chaque impulsion est accueillie. Chaque respiration. Tout est perceptible. Le sourire affleure à nouveau. Puis le cri. Et il revient. Encore et encore. Les cris se superposent. Ils deviennent bourrasques, tournent autour d’elle et l’entraînent dans une danse libératrice.
Après l’orage de cris : le silence. Maîtresse du temps, l’artiste joue de son corps avec une lenteur impertinente. Prolongé ou fugace, chaque mouvement est un jeu en soi. La sorcière nous regarde, amusée. C’est une jouissance du temps long.
Puis vient le surgissement du temps contemporain. Sous les beats puissants de la compositrice Lucia Ross, la voilà secouée de mouvements stroboscopiques qui reflètent toute la violence du monde. Tantôt en lutte, tantôt en chute, elle est assaillie sans possibilité d’échappatoire. Par les secousses saccadées et par son corps malmené, nous ressentons avec force toutes les crises : sociale, idéologique, écologique, politique.
Et soudain, tout est de nouveau suspendu : « Est-ce que vous allez bien ? », nous demande-t-elle. Un autre poème nous est offert. Benjamin Kahn confie qu’ils ont été inspirés par Pier Paolo Pasolini, Death Grips, Darek Jerman, et MAVI.
Les cris sont convoqués à nouveau. Qu’ils soient remplis d’effroi, de rage, de douleur ou de joie, ils rassemblent ce que nous avons de plus commun et d’instinctif. Ils incarnent le torrent du dire et de la révolte. Ils incarnent la salvation.
Le terme « sorcière » mérite sans doute qu’on s’y arrête un instant. Fortement connoté, le mot « sorcière » est une ruche pour l’imaginaire. Les images foisonnent, toujours associées à la femme. Étrange, indépendante, stérile, fascinante, inquiétante, mauvaise, marginale, effrayante ? Après la traversée de cette performance intimiste et cathartique, nous retiendrons : puissante.
Bless the Sound That Saved A Witch Like Me – Cri(s)… de Benjamin Kahn © Bas Czerwinski
Informations pratiques
BLESS THE SOUND THAT SAVED A WITCH LIKE ME – CRI(S)… – Compagnie Public Chéri – Création 2023
dans le cadre des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis du 12 mai au 17 Juin 2023
Conception, Chorégraphie
Benjamin Kahn
Création, interprétation
Sati Veyrunes
Création musicale Lucia Ross
Création lumière Nils Doucet
Assistant dramaturgie Théo Aucremanne
Regard extérieurs Cherish Menzo
Regard création costumes Carolin Herzberg
Dates
Mardi 13 juin 2023 à 19h30 au Théâtre de l’Échangeur, Bagnolet
Durée
45 mn
Adresse
Théâtre de l’Échangeur de Bagnolet
59, avenue du Général de Gaulle
93170 Bagnolet
Informations complémentaires
Théâtre de l’Échangeur de Bagnolet
lechangeur.org
Compagnie Public Chéri
lechangeur.org/cie-public-cheri/presentation-de-la-compagnie
Festival des Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis
www.rencontreschoregraphiques.com
