Article de Richard Magaldi-Trichet
Un papillon contre la vitre…
Une comédienne, jupe noire, queue de cheval, assise sur une chaise, scène nue, regarde le public s’installer. Le visage un peu rondouillard souligné par un léger sourire, elle nous observe. Puis elle nous parle, simplement, doucement. La voix est chaude, enveloppante. Les mots sont simples, viennent comme ils peuvent. Elle explique, se raconte. Peu à peu son univers se dessine, médicaments, hôpital psychiatrique, dépression…
© E. Carrechio
Pourtant, rien de lourd, rien de pesant. Une femme se découvre, se livre. On oublie la maladie, on entend sa vie, ses coups de gueule, de folie…Qu’importe le lithium, l’amour est toujours là, avec les banalités du quotidien. « On passe notre vie à nous chercher » dit-elle. A chacun son petit grain, il suffit de le trouver, et de l’accepter. Emilie Incerti Formentini est déconcertante de simplicité dans ce texte écrit par Guillaume Vincent.
© E. Carrechio
L’auteur a recueilli une dizaine d’heures d’entretien avec une femme bipolaire, et ré-écrit sa parole sans rien changer. Il lui a fallu quatre années pour condenser ses mots et nous présenter non un spectacle sur la maladie, mais un portrait de femme, de son quotidien, son mari, son travail.
L’actrice qu’il a choisie nous apparaît comme un papillon qui vient se cogner contre la vitre, prisonnier de ce mur de verre qu’il heurte inlassablement. Nous en recevons les coups avec elle, et gardons dans le ventre l’émotion de la voir disparaître sur sa voix off. La vie continue…
Rendez-vous Gare de l’Est
Texte et mise en scène Guillaume Vincent
Avec Emilie Incerti Formentini et la participation de Guillaume Vincent
Dramaturgie Marion Stoufflet
Lumières Niko Joubert
Son Géraldine Foucault
Du 31 mai au 26 juin
Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris