"ROOM WITH A VIEW" Une ode messianique à la jeunesse truffée de symboles et de références

Room with a view du Collectif (LA) HORDE & RONE © Thomas Amouroux

Le collectif (LA) HORDE revient au Théâtre du Châtelet pour sa nouvelle collaboration avec Rone. Le trio de chorégraphes, qui a récemment pris la direction du Ballet National de Marseille, signe ici une pièce résolument visuelle et dense, rythmée par les sons cristallins et électroniques du DJ français. Une proposition alléchante tant pour les amateurs de danse que pour les fans de musique électro.

Dès l’entrée dans la salle, le ton est donné : des stroboscopes viennent agrémenter l’arrivée des spectateurs qui sont happés par un paysage néo-apocalyptique dans lequel déambulent des duos de danseur.euses habillé.e.s de combinaisons futuristes. On ne sait pas si on est au crépuscule ou à l’aube d’une ère. Chacun.e se rencontre, se provoque, se cherche. Les échanges sont parfois tendres, sexuels mais aussi violents. Ce long prélude apocalyptique se clôt par un effondrement scénographique et symbolique à l’issue duquel le spectacle prend une autre tournure. La scène se rouvre sur Rone aux platines entouré d’une horde de jeunes prêt.e.s à se lancer dans une partition dont le DJ serait l’orchestre. Sur la musique électro, les danseur.euses tou.te.s aussi charismatiques les un.e.s que les autres portent différents styles vestimentaires emblématiques de leur génération.

Sur le plan chorégraphique, les hommages à des esthétiques variés se succèdent, on reconnaît du baroque, du classique, du contemporain, de la danse traditionnelle et même du jumpstyle cher aux chorégraphes de (LA) HORDE. À cela s’ajoute un catalogue de représentations picturales, cinématographiques et religieuses. Les tableaux formés par les danseur.euses évoquent des gestes provocateurs, sexuels ou politiques représentatifs de notre époque. On en prend plein la vue, mais c’est justement là que le bât blesse. À trop vouloir nous en donner, les trois chorégraphes nous livrent un spectacle fourre-tout, où l’on se demande si la pluralité d’éléments n’est pas une absence de choix de leur part. On en perd leur identité chorégraphique pourtant si bien maitrisée dans leurs précédents spectacles.
Le spectacle retrouve sa justesse sur la fin lorsque les interprètes se rassemblent pour former la fameuse horde, propre au collectif, et entament une chorégraphie collective énergique proche de la transe.

Rone, qui trône au centre de la scène, est de plus en plus euphorique et radieux alors que son mix monte en intensité et se ponctue de voix liturgiques. Peu à peu, les regards se tournent vers nous, la lumière monte dans la salle. On se sent invités à les rejoindre pour défier avec eux l’effondrement qui s’annonce. Sous ces auspices de fin du monde, ce spectacle est une célébration de la force de vie incarnée par des interprètes puissants et joyeux. À la fin, une bonne partie du public transporté se lève pour applaudir chaleureusement. Les chorégraphes viennent saluer avec les danseur.euses et Rone, acclamé comme une rock-star. C’est là où le pari semble réussi pour (LA) HORDE, créer un spectacle collectif, festif et généreux.

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Room with a view du Collectif (LA) HORDE & RONE © Thomas Amouroux

Informations pratiques

ROOM WITH A VIEW

Conception artistique
(LA) HORDE & RONE, Rudyard Kipling

Chorégraphie
(LA) HORDE : Marine Brutti, Jonathan Debrouwer, Arthur Harel

Musique
RONE

Avec
Le ballet national de Marseille : Sarah Abicht, Daniel Alwell, Isaia Badaoui, Izzac Caroll, Joao Castro, Titouan Crozier, Malgorzata Czajowska, Myrto Georgiadi, Vito Giotta, Nathan Gombert, Eddie Hookham, Jonathan Jorgensen, Nonoka Kato, Yoshiko Kinoshita, Amy Lim, Angel Martinez Hernandez, Aya Sato, Dovydas Strimaitis, Paula Tato Horcajo, Elena Valls Garcia, Nahimana Vandenbussche
Scénographie Julien Peissel
Lumières Eric Wurtz
Costumes Salomé Poloudenny
Son façade Vincent Philippart
Assistant production son César Urbina
Assistante costumes Nicole Murru
Hair direction Charlie Lemindu
Préparation physique Waskar Coello Chavez
Répétiteurs Thierry Hauswald, Valentina Pace