« SONATE D’AUTOMNE », une adaptation simple et belle par la compagnie Les Amochés

Sonate d’Automne de la compagnie Les Amochés © Camille Landraud

Ce chef-d’œuvre de Bergman a été joliment adapté par cette compagnie, enthousiaste et décidée. Cette pièce est une ode, ou plutôt un requiem à la relation mère-fille, à ses écueils et à ses difficultés.

Charlotte, pianiste de grande renommée n’a pas vu ses filles depuis sept ans. L’une d’entre elles, Eva, s’est mariée à un pasteur et habite désormais au presbytère, d’où elle a recueilli Elena, sa sœur en situation de handicap. En apprenant la mort du compagnon de sa mère, Eva lui envoie une lettre et l’invite à passer un séjour chez eux, ce sera l’occasion de se revoir après toutes ces années. Les espoirs déçus d’Eva face à sa mère, sa confrontation avec ses blessures d’enfance, et leur difficulté mutuelle à se comprendre, sont des épreuves de la relation parent-enfant auxquelles nous pouvons facilement nous identifier. Ce qui rend cette pièce fascinante, c’est de voir une relation éventrée et découpée au scalpel, où tout finit par se dire, quelles qu’en soient les conséquences. Les non-dits, les quiproquos, pèsent sur la vie de cette famille, et il est impossible de prendre parti pour l’un ou l’autre des personnages. Aucun jugement dans cette pièce, seulement des personnages, qui eux aussi ont été des enfants.

En effet, comment juger la mère, en connaissant son passé ? Et comment en même temps ne pas comprendre Eva et son amour frustré ? Sonate d’Automne nous rappelle d’être moins manichéens dans nos façons de penser, rappel important à l’époque que nous vivons.

Le plateau est quasi nu, excepté trois ou quatre éléments de décor. À cour, une petite fenêtre blanche, se teinte, au fur et à mesure de la pièce, de rouge sang. Des projections d’images des acteurs se font en arrière-scène, ajoutant de temps en temps, un côté presque cinématographique à la pièce.Les murs, à la toute fin de la pièce, sont couverts de photos de la mère, accentuant encore plus son aura ainsi que son égoïsme. Il faut saluer la qualité de cette scénographie qui prouve que la quantité ne fait pas la qualité.

Le jeu des acteurs peut parfois sembler simpliste et léger, mais leur énergie et leur envie de bien faire peuvent rattraper ce défaut. Mention spéciale à l’actrice d’Elena, qui interprète sans pudeur et honte, le rôle de la jeune sœur en situation de handicap, à tel point que la voir saluer à la fin de la pièce fait un drôle d’effet !

Cette pièce passe vite, et les acteurs nous transmettent avec générosité ce huis-clos familial, réaliste, que nous adorons regarder, mais que nous n’aimerions pas vivre. Il faut espérer que la compagnie les Amochés joueront à nouveau Sonate d’automne à l’avenir, même si leur jeu mériterait parfois plus de complexité ou de profondeur.

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Sonate d’Automne de la compagnie Les Amochés © Camille Landraud

SONATE D’AUTOMNE – Compagnie Les Amochés

Auteur(s)
Ingmar Bergman
Traducteurs C. G. Bjurstrom et Lucie Albertini

Mise en scène et scénographie
Marie Venturi, assistée par Laurine Gardet

Interprétation
Yann Guénon (Viktor), Béatrice Hallouët (Charlotte), Maïwenn Loheac (Helena),
Marie Venturi, doublée par Laurine Gardet le 18/11/2023 (Eva)
Musique Benjamin Lasar
Création Lumière Marie Venturi et Maxime Gosset
Création décors Daniel Racine
Régie Maxime Gosset
Production Cie Les Amochés

Dates
Du 15 au 18 novembre 2023 au Théâtre du 100ecs, Paris

Durée
1h15

Adresse
Théâtre du 100ecs
100, rue de Charenton
75012 Paris

Informations complémentaires

Théâtre du 100ecs
100ecs.fr