« SWEET DISASTER : Deux ou trois choses avant de disparaître » de Guillaume Le Pape, Disparition volontaire

Sweet Disaster de Guillaume Le Pape © Fabrice Robin

Une cabine téléphonique éclairée la nuit, côté jardin dans un environnement épuré, trois balises éclairées côté cour, qui évoquent un bord de route et un homme au look urbain, casquette sur la tête, clope au bec en réassurance, debout. Cet homme hésite à entrer dans cette cabine. Un simple appel peut-il changer le cours d’une vie ?

Un seul en scène, dans une ambiance intimiste, Sweet Disaster nous embarque à tenter de recomposer ce qui peut pousser une personne à disparaître, les raisons qui peuvent conduire à disparaître volontairement. Passage à l’acte, décision réfléchie ? Malaise, insupportabilité de ne pas se reconnaître dans la vie que l’on mène. Est-il encore possible dans le monde actuel d’être soi, de tenter de tout recommencer pour se rapprocher au plus proche de soi ?

Les spectateurs s’installent au chant des oiseaux. Seule une lampe de poche allumée guide le placement des spectateurs. Une ambiance feutrée et de rêve avec le chant des oiseaux. Rêve ou réalité, comment passer de la réalité au rêve ? Quelles en sont les conséquences ?

Il entre dans la cabine, laisse un message. Nous entendons son message stoppé par le bip, qui s’inscrit en même temps en fond de scène dans cette salle de l’IVT dédié aux personnes malentendantes. Cette inscription textuelle inscrit l’acte du personnage dans le temps et la réalité. Ce personnage a décidé d’essayer, de tenter de se rapprocher de l’image qu’il a de soi, de recommencer sa vie. De ne pas pouvoir terminer son message, l’enrage et témoigne de la prise de conscience de son acte, de sa réalité. Seul face à son acte.

Ce mobilier urbain des années 1980 va être une pièce maîtresse du jeu de l’acteur et de la scénographie. Le fil visible des liens aux proches et au passé. Et si tout quitter avait des conséquences, même en soi. Tourment du corps, craquage dans le corps.
Le fond sonore et musical accompagne la traversée des états du personnage, qui s’expriment pleinement dans le jeu corporel de l’acteur. Un corps resserré dans lequel il évolue qui reflète un état d’être emprisonné. Les changements d’états sont vifs, rythmés dans le corps et par le corps.

Les scènes se succèdent au rythme des appels émis ou reçus, ratés ou envisagés comme dans un roman graphique, les scènes sont exposées comme des prises de vues continues, rappelant le cinéma. Les paroles des appels reçus, émis s’inscrivent en fond de scène tantôt côté cour tantôt côté jardin. En tant que spectateur, ce jeu parlé/écrit renforce le pouvoir des mots, de ce que le personnage vit, traverse et que l’on observe dans ses corps à corps et qui s’écrit sous nos yeux.

L’enfance ressurgit avec l’apparition de la marionnette à l’image du personnage, entre enfant et adulte. Elle est à la fois l’âme d’enfant qu’il ne retrouve pas en lui et son compagnon sur ce chemin.

Devenir l’image que l’on a en soi, une quête, sa quête semée d’errance, de solitude. Une épreuve de vie que cette reconquête de soi avec une difficile réhabilitation sociale. L’oiseau n’est-il pas une représentation de l’âme, de la voix intérieure. Le symbole de la liberté et de la capacité de s’élever pour être en harmonie, en équilibre avec soi.

Sweet Disaster est une pièce qui mélange sons, paroles, états de corps, jeux corporels et techniques cinématographiques. Une prouesse en toute humilité et finesse.

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Sweet Disaster de Guillaume Le Pape © Fabrice Robin

Informations pratiques

SWEET DISASTER

Écriture et mise en scène
Guillaume Le Pape

Interprétation
Guillaume Le Pape

Régie lumière et pilote Teddy Voyes
Regard et pilote Isabelle Legros
Regard extérieur Mélody Maloux
Effets spéciaux Yann Ollivier et Nanolink
Décor et scénographie Ateliers In Situ, MCD Ébénisterie
Création sonore Guillaume Le Pape
Création marionnette Claire Bochet
Coproductions et soutiens Théâtre Victor Hugo – Bagneux, ECAM – Le Kremlin-Bicêtre, Groupe Geste(s), L’Odyssée – Périgueux, Ateliers In Situ – Fontaine L’Abbé, Projet lauréat Plateaux Geste(s) 2020

Dates
Du 16 mars au 18 mars 2023 à l’International Visual Theatre, Paris

Durée
1h

Adresse
IVT – International Visual Theatre
7, cité Chaptal
75009 Paris

Informations pratiques

IVT – International Visual Theatre à Paris
ivt.fr

Guillaume Le Pape
g-lp.com