« Sweet home », création du Théâtre de la licorne au théâtre Mouffetard

Article de Justine Uro

 

L’enfer c’est elle 

 

Sweet home c’est le bonheur d’être chez soi sans avoir à supporter les autres, les voisins. Seule en scène, Rita Tchenko campe une femme à l’âge avancé qui vit au rez-de-chaussée d’un immeuble. Son désir le plus cher et ce à quoi elle passe ses journées est de faire fuir les autres habitants pour se retrouver enfin seule. Extrêmement sensible à la moindre contrariété, elle perd rapidement patience quand il s’agit des nuisances sonores de ses voisins. Dans le but de leur faire quitter les lieux, elle dépose des courriers anonymes dans leur boîte aux lettres ou évicère leurs animaux de compagnie. Elle rompt sa solitude meurtrière en parlant à sa voisine de pallier, Jacqueline, dorénavant enfermée dans sa cave pour avoir eu le malheur de vouloir la dépasser dans son entreprise. Nous l’aurons compris, cette femme est atteinte d’une sévère folie.

© Pascal Gely

En cela, le travail sur le corps est particulièrement intéressant. Empruntant les codes du mime, les longs bras en balanciers, un dos qui semble quelque peu bloqué, et des yeux fixes qui ne clignent même plus des paupières, un vrai personnage antipathique se déploit face à nous. Effrayant, ce personnage manie tout à la fois les viscères, les instruments de cuisine et sa maquette de l’immeuble avec une dextérité troublante. Les cadavres éventrés des animaux corrélés au prosaïsme de cet environnement quotidien composé d’un petit appartement chichement meublé ajoutent encore au lugubre de la situation. Mais il ne s’agit pas d’une mise en scène réaliste et cette mise à distance dans le macabre provoque des scènes comiques.

Si ces éléments sont bien servis, on déplorera pourtant une fable peu profonde voire anecdotique. Une fois le cadre posé, rien ne vient vraiment l’étayer. Le manque de développement de l’histoire donne la désagréable impression de rester sur sa fin. A l’issue du spectacle, on a la sensation qu’il n’a été que l’étendue des dix premières minutes.

© Pascal Gely


 

Sweet home 

Texte Arthur Lefebvre
Mise en scène / scénographie Claire Dancoisne
Interprète Rita Tchenko 

Création musicale Maxence Vandevelde
Création des objets Maarten Janssens, Olivier Sion
Construction décors Alex Herman
Peintures Chicken
Création costumes Anne Bothuon
Régie Brice Nougues 

 

Du 21 février au 5 mars 2017 

 

Théâtre Mouffetard-Théâtre des arts de la marionnette
73 rue Mouffetard
75005 Paris

http://www.theatredelamarionnette.com