"TACHKENT" suivi de "COMMENT J’AI ÉCRIT LA PIÈCE", L’auteur de théâtre dans tous ses états

Deux pièces de Rémi De Vos, réunies aux éditions Actes Sud-Papiers en 2023 et mettant en scène l’Auteur de théâtre, ses angoisses, ses frustrations et ses récriminations.

Tachkent. La première, se passe dans une chambre : un lit, un fauteuil, une chaise. Quatre personnages :
L’auteur, âgé
L’actrice, moins âgée
La femme, encore moins âgée
L’acteur, entre deux âges.
L’AUTEUR est bien sûr le personnage principal. Assis dans son fauteuil, il monologue, non pour nous, mais pour lui-même. En fait, il passe son temps à ressasser sa rancœur envers les metteurs en scène. S’il ronchonne, il ne parle pas vraiment. Aucun échange réel avec ceux qui lui adressent la parole. Sa femme, beaucoup plus jeune que lui, tente de le ramener à une vie normale, c’est-à-dire sociale, en faisant venir auprès de lui son ex-épouse (dix-huit ans de mariage, quand même) mais aussi un acteur visiblement de seconde zone, qui prétend avoir joué une de ses pièces, et elle-même, bien sûr, qui voudrait bien qu’il revienne à la conscience nécessaire pour lui léguer officiellement ses droits d’auteur. Ces trois personnes se relaient auprès de L’AUTEUR qui n’en a cure, obsédé qu’il est par le pouvoir pris par les metteurs en scène, alors que, tout bien considéré, s’il n’y a pas d’auteur, n’est-ce pas, il n’y a pas de théâtre…
La pièce tourne un peu en rond, mais évidemment, la situation et les caractères des personnages permettent quelques piques assassines qui font jubiler le public.

Comment j’ai écrit la pièce, seconde pièce du recueil, présente trois personnages :
Rémi De Vos
Sylvaine
Jean
Aucune précision sur le lieu.
Il s’agit ici de tenter la description du travail de création de l’auteur. Un couple rentre d’un dîner qui ne leur a pas du tout plu. Partant de là, on entre dans une sorte de délire verbal – ou plutôt écrit. Tout était nul : les gens, la conversation, la nourriture… Mais l’auteur, De Vos lui-même, n’est pas content de son début : cette conversation, on l’a immédiatement en sortant ; dans la voiture, par exemple, on n’attend pas d’être chez soi. Donc, changeons. En fait, c’est eux qui ont invité ces gens déplaisants. Et rien n’allait, même le repas ? même. On l’aura pris chez un traiteur libanais. Non, pas Libanais, ça peut être offensant pour les Libanais vivant en France. Alors ? cuisine ouzbek, voilà… ouf, on ne risque pas le boycott, et on fait au passage un petit coucou à la pièce précédente ! alors, on reprend tout depuis le début… évidemment, le pauvre auteur ne s’en sort pas. Est-ce lui qui les a invités ? qui sont-ils, ces invités ? Est-ce que c’est elle, qui les connaissait ? Il enrage, lui qui écrit si facilement, d’habitude, même sur commande. La situation est comique et savoureuse. Pas besoin d’en vouloir à un hypothétique metteur en scène : sa pièce est mauvaise ou plutôt, elle refuse de s’écrire, rien à faire, tout s’embrouille… et les acteurs qui attendent le texte en seront pour leurs frais.
Je sais plus écrire, j’en ai marre ! …

La première pièce a été montée au théâtre Marigny dans une mise en scène de Dan Jemmett.
La seconde n’a pas encore tenté une compagnie. Elle devrait pourtant réjouir le public, par son côté embrouillé et sincère à la fois.

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