« THE DARK MASTER » de Kurô Tanino, Gastronomique et pédagogique

The Dark Master de Kurô Tanino, paraît aux éditions ESPACE 34, dans une traduction de Miyako Slocombe.

La scène se passe dans un restaurant d’Osaka spécialisé dans la cuisine occidentale. Il fait déjà nuit. La télévision diffuse un match de base-ball. Un homme est au bar et consomme du whisky en marmonnant. Une ombre noire s’approche…
Les personnages :
Le Patron
Le jeune
Narumi
L’humoriste
Le Chinois
L’adolescent
Les clients et clientes du restaurant.

… c’est un jeune homme, randonneur sans doute, puisqu’il porte un gros sac à dos. Il hésite puis il pousse la porte et entre, bien que le panneau lumineux du restaurant soit éteint. Reçu comme un chien dans un jeu de quilles par le patron rogue et un peu ivre, il demande de l’eau, il voudrait bien manger, se poser, il est fatigué.

Le patron lui oppose que l’établissement est fermé, qu’il n’a plus de riz, qu’il est trop tard… et puis, finalement, tout en grognant, il lui prépare une omelette au riz. Délicieuse, l’omette !
Ce patron est un personnage irascible, grognon et autoritaire. À cet ours déterminé, le petit jeune homme qui se cherche encore n’a pas grand-chose à opposer. Sa vie est un peu vide, et ce vide va être rapidement rempli ! Petit à petit, on apprend que le patron a mis en place un ingénieux système de caméras et de communication par oreillette qui lui permet de faire du jeune un cuisinier adroit et accueillant. Bien sûr, cette idée saugrenue et autoritaire provoque des protestations, mais on ne discute pas avec un tel homme ; on obéit. Et comme le dispositif s’avère gratifiant, on finit par être heureux des compliments et fier de ses réussites. C’est un peu raide, comme enseignement, mais ça marche. Cela donne lieu à des scènes très comiques et à des moments savoureux de tendresse bourrue.

Le temps passe, la clientèle afflue. Au bout de trente jours, la réputation du restaurant est telle que la queue s’allonge sur le trottoir. Alors, le jeune patron se substitue totalement à l’autre : il peut à son tour, boire du whisky, regarder un match de base-ball et voir venir un jeune homme.

Parabole de la transmission, cette pièce demande une grande virtuosité, car les plats évoqués sont vraiment préparés en temps réel, emplissant le théâtre des odeurs d’oignons frits, d’ail et de beurre fondu. Les spectateurs doivent sortir de là avec une faim de loup ! Après « Avidya, l’Auberge de l’Obscurité » (précédemment chroniquée) voilà à nouveau, une œuvre d’une grande originalité.

The Dark Master a été créé en japonais surtitré, dans une mise en scène de l’auteur au Festival d’Automne, de Paris, T2G Théâtre de Gennevilliers, en 2018.

Informations pratiques

Auteur(s)
Kurô Tanino

Prix
14 euros

Éditions Espaces 34
www.editions-espaces34.fr